vendredi 7 octobre 2011

Les fantômes de Landowski

Je ne les connaissais pas et j'y suis arrivé par hasard ce mardi 27 septembre 2011...
Pourtant on les voit de loin et je suis passé à proximité plusieurs fois, en particulier lorsque je participais au Brevet de randonneurs Mondiaux de 300 kilomètres organisé par l'Audax Club Parisien.
Les fantômes sont un monument érigé par Paul Landowski sur la butte de Chalmont, quelque part dans l'Aisne, sur la commune d'Oulchy le Château près de Fère en Tardenois.
Ce monument a été commandé au sculpteur pour commémorer cette deuxième victoire de la Marne en juillet 1918 qui scella le dénouement de la Guerre de 14-18.
Il est composé de deux groupes de statues.
Au premier plan une statue de femme qui se protège à l'aide d'un bouclier.
Elle symbolise la France, le regard tourné vers la plaine.
Elle regarde vers l'avenir.
Elle tourne le dos à un groupe de huit personnes : les fantômes des soldats morts qui se relèvent ! 
Ils sont séparés d'elle par 5 paliers qu'il faut gravir pour les rejoindre : ces paliers représentent les 4 ans et 3 mois qu'ont duré le conflit. 
Sept de ces statues hautes de 8 mètres symbolisent chacune une arme : une jeune recrue, un sapeur, un grenadier, un colonial, un mitrailleur, un fantassin et un aviateur. La huitième statue est celle d'un jeune homme nu, sans défense que protègent ses sept camarades : c'est un jeune martyr de cette guerre affreuse.
Les fantômes sont légèrement penchés en avant, yeux clos.
Jeunes hommes morts au champ d'horreur...
Âmes condamnées à hanter ces champs de bataille...
Corps meurtris par la mitraille...
Yeux clos sans avenir...
Les fantômes nous parlent d'une jeunesse perdue !
France, qu'as-tu fait de tes enfants ?
Je crois l'avoir déjà dit ici (ou ailleurs...) : cette Première Guerre Mondiale me fascine en ceci que je ne comprends pas comment des millions de jeunes gars ont pu pendant 4 ans subir cette guerre. Et je comprends pourquoi et comment elle a pu hanter l'histoire de notre pays pendant si longtemps...
Ce monument est sans doute celui qui rend le mieux hommage à cette jeunesse massacrée.
 "Ces morts, je les relèverai." 
Dès 1919, Paul Landowski (1875-1961) a en projet de rendre hommage aux Poilus morts au Front mais ce n'est qu'en 1927 que la Butte de Chalmont est choisie pour accueillir ce monument. Il sera inauguré en 1935 par le président Lebrun.
Landowski réalisa de nombreux monuments aux morts qui sont autant d'honneurs rendus aux soldats de la Grande Guerre. Il participa lui-même au conflit en tant que membre de la section de camouflage et connut en particulier les massacres de la Somme en 1916.
Il est également l'auteur de la statue du Christ rédempteur de Rio de Janeiro.

Je ne voudrais pas finir ce message sans reproduire le poème de Lucienne Gaudé , écrit en 2004 à l'âge de 87 ans et publié dans son livre "Comme un Petit Poucet". Cette dame est née et a vécu sur ces terres de l'Aisne meurtries par la guerre de 14-18.
" En finir et rentrer chez nous "
Trois ans d’enfer, trois ans d’horreur !
Le froid et la boue des tranchées !
Et tant de jeunes vies fauchées…
La guerre est le plus grand malheur !
La souffrance et le désespoir
Rongent le moral des armées
Quotidiennement décimées,
Sans trêve du matin au soir…
Que de morts ! Que de sang versé !
Pages sanglantes de l’Histoire.
Pour nous : un devoir de mémoire !
Il ne doit pas être effacé !
Je suis la fille d’un Poilu,
Grand mutilé de cette Guerre,
Paysan défendant sa terre,
Chaque vallon, chaque talus…
Dans la fange jusqu’aux genoux,
Tremblants et glacés d’épouvante,
Une seule obsession les hante :
" En finir et rentrer chez nous ! " 

2 commentaires:

  1. C'est sympa, la culture comme ça. Même si je préfère les histoires (et l'histoire) plus légères, c'est vrai que cette période reste l'une des plus sombres pour la jeunesse....
    Et on comprend l'ironie de Brassens, quand il chante:
    Moi mon colon, celle que j'préfère, c'est la guerre de 14-18

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  2. Tu ne connaissais donc pas ce monument toi non plus ?

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