lundi 28 février 2011

Les Pieds Nickelés : rééditions...

Dans les années 1990, j'avais acheté le tome 5 de la collection intégrale des Pteds Nickelés de René Pellos.

Pour les fans , j'ai appris par un petit article dans le journal "Le Parisien" que le tome 9 du "Meilleur des Pieds Nickelés" venait de reparaître aux éditions Vent d'ouest : AVIS AUX AMATEURS !

Bien sûr ce ne sont plus les "comics" à la couverture pelliculée de mon enfance mais ne soyons pas trop difficile (Ces exemplaires doivent être hors de prix sur E-bay ou sur les brocantes, dire que j'en avais tellement !)

PS : J'ai trouvé un site fait par un fan des trois malotrus voici une dizaine d'années : Très bien fait !
 L'intitulé de ce site est le suivant (je n'arrive pas à créer un lien...):
Les Pieds Nickelés de A à Z 

dimanche 27 février 2011

Vingt-septième sortie 2011

 91 Km 04H20'00'' 21.00 km/h 
Météo  Vent   Difficulté 
Heure de départ : 13:45:00
Itinéraire : LFG - Buternet - St Barthélémy - La Basse Croix - La Couarde - Verdelot - Villeneuve/B. - Sablonnières - Orly/M. - Bussières - Nanteuil/M. - Bezu le Guéry - Luzancy - Le Thillet - La Ferté sous Jouarre - Jouarre - Romeny - Ru de Vrou - Doue - Rebais - Doucy - LFG

Sortie du dimanche après-midi avec Lolo (jusqu'à Sablonnières) et Pascal.
Le vent est de nord-ouest aussi décidons-nous de partir vers La Ferté sous Jouarre. Si les giboulées de mars nous accompagnent au début de la balade, la suite est fort agréable. Il y a dans la remontée de la vallée du Petit Morin comme un petit air de printemps !
Mais la route est semée de côtes aujourd'hui : la première nous permet de quitter la vallée du Petit Morin à Orly/Morin en direction de Bussières ( petit hors d'oeuvre...).
Ensuite, il nous faut quitter la vallée de la Marne à Nanteuil/Marne en direction de Bezu le Guéry : et elle est raide celle-là !
Mais la vue sur la rivière vaut bien quelques efforts...
Puis nous revenons vers la Marne...
...où je retrouve ce graffiti qui m'avait intrigué voici deux ans déjà. Le complot anti-Raymond continuerait-il ?





Pas de quoi m'inquiéter au point de m'adresser à cette dame !








Mais il nous faut continuer notre séance de montagnes russes en tournant à gauche à la sortie de Luzancy pour grimper au hameau du Thillet avant de revenir vers la Ferté sous Jouarre pour remonter vers Jouarre. 
Ouf ! les bosses sont terminées et nous rentrons vers La Ferté Gaucher à toute berzingue !

samedi 26 février 2011

Les Tours de Monsieur Pellos : 1949, première étape

Le numéro du 1er juillet 1949 de Miroir Sprint narrait la première étape du Tour de France qui partait de Paris pour rejoindre Reims. 
Maurice Vidal est le nouveau directeur de la revue et signe un premier article : "Impression" nouvelles"...
"BlEN sûr. Une impression du Tour n'a rien de très original.
Pourtant, il semble toujours au sui­veur nouveau que nul autre avant lui n'a vu pareil spectacle. Jamais il n'y eut tant de foule au Palais-Royal, sur les Grands Boulevards, à Pantin, à la Ferté-sous-Jouarre ou à Château-Thierry. Jamais cette foule n'a été aussi enthousiaste. C'est ce qui m'arrive. Et pourtant ! Notre ami Pélissier lui-même devrait alors être blasé, lui qui passe son temps à répondre genti­ment à toutes les acclamations qui saluent son passage. Et il ne l'est pas, loin de là !
Que faut-il le plus regarder? Ces dix gosses qui, juchés sur des vélos de course miniature, se fraient gentiment un passage en soufflant dans une trompette, ou ce pasteur anglican qui ne perd rien de sa dignité pour crier : « Vas-y, Chariot ! »? Ou bien encore cet acharné groupe de Bretons qui attend « Saint » Robic au « virage » ? Ou ces ouvrières en blouse blanche, de la Porte de Pantin ? Ou ces messieurs cossus, chapeautés, mais cramoisis d'enthousiasme ? Ou ces cultivateurs qui ont tout abandonné pour venir au bord de la route.
Le spectacle est partout ; sur la route où passent les dieux du jour, escortés de milliers de cyclistes; sur les trottoirs, aux balcons, sur les toits, dans le ciel même où l'avion de « Miroir » survole la caravane.
Le Tour, c'est bien sûr la lutte ter­rible des champions, le démarrage de Goasmat, le « coup de rein » de Lauredi, la fugue foudroyante de Dussault, premier gagnant de cette étape, 36e édition. Mais c'est aussi ce peuple de sportifs qui, toutes classes mêlées, accourt à ce spectacle qui, malgré les affaires, l'argent, les petites combines, reste un spectacle sain.
Certes, le Tour n'est pas tout. Il ne fait pas oublier les petits et les grands soucis quotidiens, mais cette grande kermesse populaire est une si récon­fortante image du temps de paix qu'il faut se féliciter de son immense succès.
Et malgré tout, malgré les « vieux » du Tour, je continue à penser, au soir de cette première étape, qu'il ne fût jamais plus grand."
D'autres Plumes  collaborent à la revue cette année-là : Georges Pagnoud, le rédacteur en chef, Pierre Chany et Baker d'Isy, les envoyés spéciaux. Pour compléter l'équipe, il y avait aussi Charles Pélissier, ancien coureur, frère d'Henri et de Francis (Les "forçats de la route" que rencontra Abert Londres en 1923, je crois) et vainqueur de 16 étapes du Tour dans les années 20 et 30, qui tire ses conclusions (provisoires) du déroulement de la course, aujourd'hui, on le nommerait "consultant"...




Mais il ne faut pas oublier les autres envoyés spéciaux, les 3 reporters photographes, les 2 avions spéciaux, la voiture rédactionnelle, la voiture laboratoire, la camionnette de vente et les 3 motos qui suivirent la course pour Miroir Sprint.







La veille du départ, au siège de la revue, le coureur Lucien Lazaridès se fait tâter le mollet par Line Renaud qui suivit également ce Tour.






Et le Tour s'élança de Paris pour... y revenir comme il était de coutume à l'époque.
L'avion spécial permet de voir la course de haut...
Et Pellos dessine !
En page 2, comme l'indique la légende du dessin, on  reconnaît les forçats de la route : Coppi, Robic, Bobet et les autres... Mieux qu'une photo, ils sont presque tous là...
En cette année 1949, Pellos raconte chaque étape à "grands traits"...
Une bien belle façon de vivre la course !

vendredi 25 février 2011

Les Tours de Monsieur Pellos

Raconter les Tours de France d'antan, il fallait que j'y vienne... Mais que dire qui n'a déjà été écrit ? Pourtant...

Il y a deux ans, j'écrivais ceci sur mon blog "Mon Tour de France1959" :

"On ne peut bien sûr pas évoquer les Tours de France des années 1950 à 1980 sans parler de René Pellos !

Dessinateur prolifique et génial, osons le mot ... il fut LE carricaturiste du Tour de France. Il fit parler les montagnes, jaillir l'homme au marteau au coin du bois pour provoquer la défaillance du champion ou arriver la sorcière aux dents vertes pour faire crever le pauvre cycliste au mauvais moment !"
Je commence donc aujourd'hui à raconter les Tours de Monsieur PELLOS ! 
Cette belle histoire débuta dans Miroir Sprint en 1949.
Voici le premier dessin que j'ai trouvé dans le numéro d'avant Tour 1949 de la revue.
Je vais essayer de publier un message par semaine sur ce sujet, ne m'interdisant bien entendu aucun détour autour du TOUR !
 Trouverais-je le temps nécessaire pour cela ? Je ne le sais...
(La préparation du prochain Paris-Brest-Paris devrait prendre un peu de mon temps dans les semaines qui viennent.) 
Mais quel bonheur de replonger dans ces années du "vélo heureux" ! 
( Voici le lien vers le message publié voici presque 2 ans : http://montourdefrance1959.blogspot.com/2009/03/rene-pellos.html )
Premier aparté...
Dans le même numéro d'avant Tour 1949, un autre artiste était à l'honneur : Paul Ordner.
VIVE LE TOUR ! 
(Quoiqu'en disent les cuistres de la "bienpensance" sportive...)

mercredi 23 février 2011

Vingt-sixième sortie

 66 Km 03H00'00'' 22.00 km/h
Météo  Vent  Difficulté 
Heure de départ : 09:00:00
Itinéraire : LFG - Meilleray - Belleau - Le Vézier - Tréfols - Rouillis - La Rue Noise - Montenils - La Celle sous M. - Vendières - Marchais - Montrobert - Rieux - Fontaine Armée  - Morsains - Le Vézier - Meilleray - LFG 
Avis de grand froid ! Ce matin, ça gèle, ça caille, ça pèle...


Heureusement, nous nous sommes bien couverts, surtout "Bonnet iaune" qui vient de gagner un nouveau surnom : devinez lequel ?

mardi 22 février 2011

Vingt-cinquième sortie 2011

85 Km 03H55'00'' 21.70 km/h 
Météo  Vent   Difficulté
Heure de départ : 13:50:00
Commentaire : LFG - Rebais - St Ouen/M. - St Cyr/M. - La Ferté sous Jouarre - Chamigny - Ste Aulde - Montreuil aux Lions - Bezu le Guéry - Villiers St Denis - Charly/M. - Saulchery - Nogent l'Artaud - Viels Maisons - Verdelot - St Barthélémy - LFG 
Une sortie en solitaire par ce bel après-midi d'hiver...
La Marne à La Ferté Sous Jouarre.
Montreuil aux Lions : un nom bien connu des automobilistes qui empruntent l'autoroute A4, à cause du péage... Mais aussi un village qui porte bien son nom : J'en ai trouvé un, de lion !

Retour dans le bas de l'Aisne encore une fois, près du pays de Jean Racine. La route, l'ancienne Nationale 3, doit également dater de l'époque du célèbre dramaturge... Tant que la route est rouge, c'est POURRI ! Après c'est mieux...

S'il reste peu de commerces dans nos petits villages, certains habitants ont conservé les enseignes : une bonne idée.



Je n'avais par contre jamais remarqué le château de Charly sur Marne : le château de Charly et ses drôles de dames ?

lundi 21 février 2011

Vingt-quatrième sortie

69 Km 02H55'00'' 23.66 km/h 
Météo  Vent  Difficulté 
Heure de départ : 13:40:00
Itinéraire : LFG - Vieux Maisons - St Martin du B. - Courgivaux - Escardes - Les Essarts le V. - St Genest - Louan - VSG - Augers en Brie - Le Chanoy - Vieux Maisons - Chartronges - Feraubry - LFG 
Une sortie avec Patrick autour de Villiers Saint Georges. Nous rentrons avec le vent dans le dos et c'est bien agréable.


A Louan, nous passons près de l'ancien camping de la Cerclière et nous nous demandons si c'est bien une piscine couverte qui vient d'y être construite (?).
Par contre l'ancienne piscine d'été a bien été rénovée, cela fait partie du nouveau centre de séminaires qui vient d'y être installé.

dimanche 20 février 2011

Maurice Vidal : hommage à un grand journaliste !

Le 6 janvier 2011, disparaissait Maurice Vidal. C'est mon copain Yvon qui me l'a appris voici quelques jours. Je n'en avais pas eu connaissance avant... J'ai déjà évoqué sur mes blogs ce grand journaliste sportif.
A droite de Robert Chapatte, Maurice Vidal évoque, avec quelques journalistes sportifs de l'époque (Abel Michéa, André Chaillot, Fernand Choisel, Jacques Marchand et François Terbeen)  la saison cycliste 1959 à venir pour le numéro "Cyclisme 1959" de  son journal Miroir Sprint.

Né en 1919, membre du Parti Communiste Français, résistant, il fut un des grands journalistes sportifs de la deuxième moitié du XXème siècle. Directeur de Miroir Sprint de 1949 à 1971 (date de la disparition du titre), il fonda le Miroir du Cyclisme en 1960. Ses éditos ou son bloc-notes n'étaient pas toujours dans le l'air du temps, Monsieur Vidal avait le sens de la polémique... mais c'était surtout un amoureux du sport et plus particulièrement du vélo.
Voici son bloc-notes publié dans le dernier numéro de Miroir Sprint de 1959 :
 Je crois avoir déjà publié une enquête que Maurice Vidal réalisa sur les Cyclo-touristes à l'occasion de la semaine fédérale de la FFCT qui se déroulait en Corrèze en août 1959. Ne retrouvant pas ce message, le voici à nouveau...

Les cyclo-touristes


L'ETAPE   du   Tour   de   France   venait   de   se   terminer   à   Albi.   
Nous   nous apprêtions   à   gagner   notre   lointain   cantonnement   lorsque   nous   fûmes abordés par un spectateur en tenue de cycliste à  l'entraînement  : chaus­sures cyclistes, short, chemisette, casquette et musette en bandoulière :
- Je suis bien content de vous voir. Je suis un ancien abonné de votre journal.
- Comment ça, ancien ?
-  Oui. Il faut que je vous dise  la vérité.  L'année dernière j'ai résilié  mon abonnement. Je n'étais pas content, et je vous l'ai d'ailleurs écrit.
Je le priai de me rappeler les termes de sa lettre et le motif de son mécontentement.
-  Les termes, je n'en parle pas. Ils étaient un peu vifs, et je les regrette maintenant, parce que depuis, j'ai eu satisfaction. Voilà : je suis cyclotouriste. On ne parle  jamais de nous dans la presse.  Vous étiez les seuls à passer des photos des cyclos lors de la Polymultipliée. Et  voilà que l'année dernière, vous avez fait comme tout le monde. Vous les avez supprimées. Ça m'a mis en colère...
-   Et   depuis ?
- Depuis, vous avez passé plusieurs photos de sorties et des lettres de « cyclos » dans votre Courrier des Amis. Mais il y a mieux à faire. Vous parlez toujours des coureurs professionnels. Pendant le Tour de France, vous leur consacrez tout votre journal. Mais ne croyez-vous pas que les cyclotouristes sont au moins aussi amoureux qu'eux de la bicyclette? Et nous, c'est pour rien, demandez aux marchands de cycles ce qu'ils pensent de nous, et si nous ne sommes pas des bons clients. Vous n'avez jamais fait un reportage sur nous, et vraiment cela nous ferait plaisir.
L'idée   était   intéressante.  Je  n'osai   même  pas   lui  dire  que  nous  y  avions déjà   pensé.
- Au   début   d'août   nous   avons   la   Semaine   Cyclotouriste   en   Corrèze. Pendant huit jours nous faisons des sorties dans toute la contrée. Si vous veniez ?
Il  y avait  un peu clé défi dans l'invitation, et quelques grammes de scepti­cisme.  Et même lorsque j'ajoutai :
- Eh bien, c'est entendu. J'y serai.
C'EST   parce   qu'il   était   sceptique   en   juillet   qu'il   ouvrit   de   grands   yeux lorsqu'il vit la voiture de « Miroir-Sprint » devant l'Auberge de Jeunesse d'Ussel se tenait la  permanence de la Semaine.
- Alors, vous êtes venu ? C'est chic. Je reprendrai mon abonnement (sic).

Eh bien, c'était surtout chic pour le journaliste, parce que les cyclotouristes, ce sont des gens qui valent la peine d'être connus. Aucune pompe dans l'orga­nisation de la Semaine Cyclotouriste, pas de banquets pour les dirigeants, mais de  la   gentillesse,  de  la  simplicité...  et  des membres  actifs.   Aidé  de  mon  ami l’Albigeois, je  fis rapidement  la  connaissance des  personnages caractéristiques de  l'important  peloton  que   j'allais  accompagner  pendant  quelques  jours,   pour tenter de bien  pénétrer  l'esprit de ces balladins de la  petite reine.

Et d'abord, je fis mieux connaissance avec mon guide lui-même. Il était là avec toute sa famille, juchée sur deux engins:
1) un tandem sur lequel prenaient place, outre lui-même et sa femme, leur fille pour laquelle un petit siège avait, été accroché sur le porte-bagage.
2) un joli petit vélo pour leur fils, qui se destine à la course dans un avenir encore assez lointain, mais qui possède déjà l'esprit de compétition
Le père,  lui, ne l’a  pas et  pour cause :
J'étais prisonnier en Allemagne. Lorsque je suis rentre en 1945, tous les copains suivaient des régimes fortifiants, se faisaient faire des piqûres. Moi j'ai préfèré me mettre au vélo. Mais ce n'était pas tout, il  fallait encore convaincre ma femme.
li y réussit parce que les « cyclos » font du prosélytisme comme M. Jourdain faisait de la prose : ils ne cherchent pas à vous convaincre que leur sport est le plus beau de tous, mais comme ils le pensent profondément, ils le disent, ils le répètent, et ils font des adeptes parmi leurs proches.
LES cyclotouristes se recrutent dans les horizons les plus divers. Pas seule­ment géographiquement. Bien que ceux présents à Ussel soient venus des quatre points cardinaux : de Marseille, de Paris, de Caudry (Nord), de Digne, de Nantes, de Pau, de Lorient, de Nancy.  On rencontre aussi  parmi  eux tous les  corps de  métier.  A   Ussel.  il  y  avait   des  manœuvres,  des  ingénieurs,  des instituteurs, des commerçants. Il ne manquait que des oisifs. Mais- ceux-là, c'est bien connu, ne font  pas de bicyclette
II y avait également tous les âges : le plus jeune avait huit ou dix ans et le plus âgé 70. Ce dernier mérite qu'on s'arrête un peu sur son cas. En réalité M. Bolle n’a que 69 ans et quelques mois, mais à cet âge-là, on se vieillit par coquetterie, surtout lorsqu'on suit des jeunes gens à vélo. Il a connu les grands champions de la belle époque, comme le prouve une photo qu'il me montra et qui le représente en compagnie d'Henri Pélissier... et de Georges Carpentier. Pourtant il avait abandonne la bicyclette.
Pensez! J'ai passé 25 ans chez Citroen et 24 chez Panhard. me dit-il avec un accent franchement faubourien. Alors la mécanique ça me connaissait. Tant que j'ai eu ma femme en vie, j'avais ma voiture, parce que le vélo, elle ne pouvait pas en faire. J'ai été veuf à 61 ans. Alors, pour me changer, j'ai laissé tomber la voiture, et j'ai pris la bicyclette...
Ça ne s'invente pas ! Et depuis, il court les routes avec ses amis les cyclos. Il est venu de Paris en deux étapes, comme beaucoup d'automobilistes en vacances. Pourtant, il ne faudrait pas croire que c'est un cyclotouriste débutant :
  J'ai obtenu le premier brevet d'Audax le 26 août 1906. Du moins je crois être le premier. S'il y en a de plus anciens que moi, j'aimerais bien les retrouver par votre journal. C'est quand même malheureux qu'on se perde de vue comme ça.
Il ne lui vient même pas à l'idée qu'ils aient pu disparaître. Et quand on le voit pédaler, le corps un peu affaissé, mais allant bon train, je vous l'assure, on a en effet du mal à imaginer que de tels rocs puissent disparaître un jour. Je me suis pourtant risqué à une question, celle qu'on pose d'ordinaire aux champions vieillissant :
— Mais vous  n'envisagez  pas d'abandonner  le  vélo ?
Il  ma  regardé,  ahuri   :
  Abandonner ? Pourquoi ?
Oui, pourquoi ? On se le demande... Un autre cyclotouriste, M. Vittore -le père de l'actrice Renée St-Cyr- a bien 83 ans, lui. Et celui-là non plus ne songe pas à abandonner
C'EST d'ailleurs tellement logique. On est bien obligé de renoncer un jour à la compétition, qui demande à l'organisme des forces jeunes et sans cesse renouvelées. Rien n'oblige à renoncer à la promenade à bicyclette.
Les cyclotouristes se divisent, au sein de la Fédération Française de Cyclo­tourisme (F.F.C.T.) en trois catégories essentielles :
1) les Cyclo-sportifs, qui se rapprochent beaucoup de la course, puisque leurs temps sont pris, qu'ils recherchent la performance chronométrique. Ceux-là sont des athlètes du vélo. Ils auraient pu faire d'excellents coureurs, mais pour des raisons diverses, peut-être simplement parce que la vraie course est tout de même plus exigeante et plus absorbante, ils préfèrent l'ambiance du cyclotourisme. Mais ce sont des champions dans leur genre. On n'a pas oublié que le record de l'escalade du col de la République fut détenu par un cyclo-sportif jusqu'à ces derniers mois.
2) Les Randonneurs, ce sont les spécialistes des grands raids ou comme ils disent, des grandes diagonales. Ainsi. M. Anselme, un instituteur de Marcpux près de Digne, est un randonneur. Et comme je lui demandais de m'énumérer quelques-uns de ses raids, il m'énonça froidement :
—  Messine-Gibraltar. Trois mille cinq cents kilomètres en 16 jours, 7 heures.
Une  diagonale.
—  Calais-Brindisi...
Consultez une carte, vous vous rendrez compte que ça fait une sacré diago­nale. Mais Messine-Gibraltar en 10 jours il y a de quoi rêver, même en y ajoutant les 7 heures supplémentaires .
Les cyclo-sportifs, comme les randonneurs, préparent leur grande épreuve, Paris-Brest et retour, qui doit avoir lieu en 1961. Douze cents kilomètres, une formalité pour eux ! En attendant, en 1960, ils se rendront aux Jeux Olympiques de Rome, toujours a la force du jarret.
3) Les contemplatifs. Je n'invente rien. C'est leur nom. D'ailleurs j'aime cette logique qui fait désigner les gens par leur nom. Ce sont en effet des contemplatifs. Lucien Vacher, le dévoué organisateur de la Semaine, les définit ainsi :
—  Ce sont les cyclotouristes qui font du vélo pour se promener, pour visiter des sites, des curiosités.
Pour contempler en quelque sorte. Ils étaient, inutile de le dire, les plus nombreux au rassemblement d'Ussel. Car en "Corrèze, il y a de quoi contempler, à s’en mettre plein les yeux !
IL y a vraiment un esprit cyclotouriste. Il suffit de suivre une sortie pour s’en convaincre. Vous pensez bien qu'un groupe de plusieurs centaines de cyclistes comprenant des hommes et des femmes dont l'âge varie entre 10 et 70 ans ne peut rester compact. Il y avait là quelques jeunes gens de 15 à 25 ans dont le style n'aurait pas déparé un peloton d'interclub. Le coup de pédale était nerveux, et l'on sentait dans les mollets des envies de démarrage.
Pourtant, personne ne cherchait à épater. D'ailleurs, personne n'était prêt à se laisser épater. Chacun roule à la vitesse qui lui fait plaisir. Les jeunes gens caracolent à l'avant, jouent du dérailleur, s'amusent à la course, pas trop sérieusement. Les familles roulent groupées, admirant le paysage, échangeant des propos de vacances. De temps à autre, on voit un cyclo arrêté.
— J'attends la famille Untel. Ils n'ont pas crevé ?
La crevaison est le lot commun des cyclistes. Mais ici, on attend toujours les attardés, on les aide à réparer, et on repart ensemble, heureux de se retrouver. Dans les sorties, il y a des relais. Tous les 10 ou 20 km selon la longueur des parcours, tout le monde fait halte. La caravane se regroupe, du premier au dernier. On échange des impressions sur la route, sur ses difficultés comme sur ses beautés. Si le programme le prévoit, on visite quelques sites célèbres, un barrage, une usine hydro-électrique.
Alors sortent les caméras. Car les appareils photographiques et les caméras paraissent indispensables au cyclotouriste organisé, comme au touriste ordinaire. Et les appareils sont généralement aussi perfectionnés que les bicyclettes.

AH   les   bicyclettes,   quelle   merveille !   J'ai   vu   à   Ussel   quelques-unes   des plus belles bicyclettes qui puissent se voir  dans  le monde : des cadres merveilleusement   travaillés,   un   soin   véritablement   prodigieux   dans   le détail   de   l'équipement.   Les   constructeurs   de   ces   bicyclettes   cyclotouristes (constructeurs justement renommés d'ailleurs, et dont le plus célèbre est René Herse) sont vraiment des artisans de grand talent. Le prix de certaines machines approche des 100.000 francs, mais ce n'est pas trop pour posséder pareil bijou (il  n'est  toutefois  pas  besoin  d'un  vélo  à   100.000 francs  pour  faire  du  cyclo­tourisme).
Naturellement une bicyclette « cyclo » ne ressemble absolument pas à un vélo de course. L'un recherche la plus grande vitesse, l'autre le plus grand confort. C'est la différence entre la voiture sport et la berline de route. Tout est différent, y compris et surtout les braquets. Ici, on ne se vante pas d'un 53 x 14 ou d'un 55 x 15, comme dans le Tour de France. Mais, comme la pente était dure pour remonter du barrage de Marèges, une jeune fille d'Argenteuil déclara :
  Moi je monterai avec mon 28x24.
Avec un aussi petit braquet, il parait qu'on monterait un mur ? Cette jeune fille, d'ailleurs, m'intriguait. Elle a 17 ans, un coup de pédale de championne, et personne ne peut la lâcher parmi les hommes. Pourquoi a-t-elle choisi le cyclotourisme ?
-  Parce que la course est  trop dure, étant toute jeune. Mais l'année pro­chaine, je m'y mettrai peut-être.
Elle fera parler d'elle, sans aucun doute. D'autres jeunes m'ont répondu la même chose :
- On ne devrait pas faire de course avant 18 ou 19 ans. Mais avant, il faut commencer à faire du vélo. Nous sommes très bien avec les cyclotouristes.
Beaucoup donc pensent à faire de la course plus tard. Certains pourtant n'y ont jamais pensé et n'y penseront sans doute jamais. Ils sont heureux de pratiquer le sport de cette façon. Et ils n'ont pas tout à fait tort, car les trois catégories de « cyclo » offrent à tous le plus grand choix pour pratiquer ce .sport avec l'intensité qu'ils désirent. C'est une formule excellente. Au fait, combien y a-t-il de « cyclos » en France ?
8000 licenciés environ à la F.F.C.T, m'a répondu Lucien Vacher. Mais nous sommes dans un sport où nombreux sont les adeptes qui ne prennent pas de licences. C'est par dizaines de milliers qu'il faut compter les Français qui pratiquent le cyclotourisme exactement comme nous. Le plus curieux d'ailleurs c'est que la plupart du temps, ils finissent par se grouper pour les sorties. Mais il ne leur vient que rarement à l'idée de créer un club.
Rien n'est pourtant plus simple que de créer un club cyclo et cela donne tout de même aux adhérents de nombreux avantages.
IL y a donc le cyclo qui refuse la vieillesse, celui qui ne veut pas encore taire de course. Il y a cet instituteur dont nous parlions plus haut, qui a commencé la bicyclette à 30 ans. parce qu'auparavant il faisait de l'athlétisme, et qu'il a trouvé plus drôle, une fois la prime jeunesse passée, de se promener à vélo que de continuer à tourner autour d'une piste. Il y a d'anciens coureurs cyclistes qui  ont  trouvé  là  un  aliment  idéal  à  leur passion.  Tel  cet  ancien  sociétaire de l'U.S. Vésinet qui, devant abandonner un jour sa fine bicyclette de course, acheta un tandem.

  Ma femme aimait   le  vélo.  Alors  nous  avons commencé  à   parcourir   les
routes en tandem. Et puis nous avons eu des enfants. Nous les avons d'abord transportés en paniers, puis lorsqu'ils ont été plus grands, nous avons acheté un autre tandem. J'en dirige un et ma fille est derrière. L'autre est conduit par ma femme, avec le fils derrière.
Elle a moins de chance, la maman. Parce que le fils, il marche rudement fort. Et sa pauvre mère en entend de sévères :
- Allez, maman, appuie un peu. Tout le monde nous passe.  Vivement que j'ai mon vélo, je te jure !
Authentique. Heureusement, il aura bientôt son vélo, papa l'a dit devant nous et plus tard il pourra courir. Sa place derrière maman, elle sera bientôt prise par un autre frère qui grandit. C'est comme ça que pousse dans l'harmonie une famille cyclotouriste.
IL y a aussi de plus jeunes couples. L'un d'eux est de Nantes. Mari et femme sont aussi passionnés de randonnées à bicyclette. Mais un jour il y eut un bébé. Que croyez-vous qu'ils firent ? Ils achetèrent une remorque, et c'est le papa qui promène -depuis l'âge de 3 mois- son futur partenaire. Car bien sûr, là aussi, la solution du tandem s'imposera bientôt.

CE sont des  types  formidables, ces cyclos.   Voilà  notre conclusion.  Ils sont sains,   joyeux   ‘et  comment!),   ils  ont  un  sens  aigu  de  la   solidarité.   Ils aiment les grandes routes et les petits chemins, et la nature (50 % d'entre eux sont également campeurs, évidemment). Ils sont tous mécanos jusqu'au bout des ongles, et la bicyclette la plus compliquée n'a pas de secret pour eux (une chose que les coureurs professionnels actuels ne pourraient pas tous affirmer). Et  surtout  ils ont  su  allier  à  leur  goût  sportif  un  désir  de   connaître,  de s'instruire qui en fait des hommes complets.
Nous espérons bien avoir le plaisir de les retrouver souvent, et de plus en plus nombreux !