jeudi 13 octobre 2011

Le Petit écho de la Mode du 17 novembre 1940

L'autre jour, à une brocante, Laurence a acheté quelques vieilles revues de mode.
Il s'agit de quelques numéros du "Petit écho de la Mode" datant des années 1940 et 1941.
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Cette revue que madame Auclerc devait recevoir chaque semaine dans sa boîte aux lettres, parle de mode et de bien d'autres choses : il est en effet sous-titré "Le grand hebdomadaire féminin".
Ainsi le numéro 46 du dimanche 17 novembre 1940 parle de vélo !
En effet, en page 3, la rédaction du P.E.M publie deux articles : le premier évoque la renaissance de la bicyclette, quand le deuxième, plus pratique propose de fabriquer une cape, des cuissards et des sacoches.

La renaissance de «la Petite Reine»
C’était, il y a quelques années encore, une petite reine détrônée. Elle avait
pourtant connu, dès son avènement, une popularité immense dans toutes les classes. Mais peu à peu, l'auto régnant, on l'avait délaissée. La voici qui renaît, qui retrouve ses innombrables fervents de naguère : la bicyclette revient d'exil.
A vrai dire, elle n'avait pas attendu pour cette résurrection que la pénurie d'essence mit sa rivale en disgrâce forcée. Déjà, avant cette guerre, la passion du camping l'avait remise en honneur. Elle avait cessée d'être uniquement l'instrument de travail, l'humble bécane au guidon rouillé que les travailleurs des campa­gnes et de la ville utilisaient par tous les temps pour gagner le champ ou l'atelier.
Aux temps héroïques.
Ses débuts, il y a un peu plus d'un demi-siècle, avaient été un événement qui défraya longtemps la chronique. Elle apparaissait si différente de ses lointains ancêtres, la draisienne des jardins de Tivoli et le vélocifère qu'on actionnait par l'élan pris à terre, à l’époque où le mot vélocipède ne désignait encore que le conducteur, et qui n'étaient que des jouets pour grandes personnes. Il fallut l'invention de la chaîne, des pignons de dia­mètre inégal, enfin du pneumatique (bien imparfait d'abord, puisque la moindre crevaison ne pouvait être réparée sans d'innombrables opé­rations) pour que la bicyclette devint la bonne routière, sans cesse perfectionnée, que nous connaissons.
Champions d'hier.
II est curieux d'évoquer ces temps héroïques si proches de nous, de revoir les caricatures qui représentaient les premières femmes cyclis­tes, qui firent d'abord un peu scandale avec leurs énormes culottes de zouave. Ceux qui n'avaient jusqu'alors connu que le train de plaisir surbondé, se sentaient des ailes sur cette machine nouvelle qui permettait, aux beaux dimanches, des randonnées, des choix d’itinéraires, des découvertes d'auberges, de pique-niques dont le souvenir rayonnait sur toute une semaine laborieuse.
Henri Desgranges, qui vient de mourir pres­que octogénaire, et qui avait été l'un des pre­miers adeptes de la locomotion nouvelle, en pratiquant le tricycle, allait bientôt fonder le « Tour de France » dont les grandes étapes attiraient chaque année une nuée de curieux.
Très vite, les épreuves cyclistes se multi­plièrent, révélant des champions comme Terront, Jacquelin, Major Taylor, Bourrillon, courageux devanciers des Antonin Magne, des Pélissier, des Leducq, des Lapébie et de Gino Bartali, roi des grimpeurs, qui triompha il y a deux ans.
Un peu de statistique.
Il est certain que la vogue des courses cyclis­tes contribua puissamment à l'essor rapide de la « bécane ». En 1900, il n'y avait encore en France qu'un million de bicyclettes recen­sées. Leur nombre avait sextuplé vingt ans après. De tous nos départements, c'est le Nord qui compte le plus de cyclistes, puis viennent la Seine, la Seine-et-Oise. Au contraire, les Hautes-Alpes , la Corrèze, les Basses-Alpes sont à l'autre bout de la liste, le pédalage étant rude dans ces régions accidentées.
Dès son avènement, la bicyclette enthou­siasma jusqu'à des sédentaires. Jean Richepin la célébra lyriquement. Et plus tard Edouard Bourdot l'employait pour toutes ses courses à travers Paris. Quand il fut nommé admi­nistrateur de la Comédie-Française, c'est à bicyclette qu'il se rendait chaque jour à la
maison de Molière.
Un sport populaire.
Souvenons nous : de tous les cadeaux reçus au cours de nos jeunes années, en est-il un qui nous ait fait un plus complet plaisir que notre première bicyclette? Elle représentait à nos yeux, même quand nous n'étions pas encore autorisés à l'enfourcher sans un grand compa­gnon de route. L'affranchissement, l'évasion, l'hommage rendu par nos parents à notre prudence éveillée et à nos forces en croissance. Qu'elle ait été de nos jours, pour certains jeunes qui voulaient jouer aux champions, un instrument de précoce t claquage », il serait injuste de lui en faire grief. Ces abus ne sauraient faire oublier qu'elle a été pour beau­coup dans le récent développement du camping, de la saine vie au grand air qui a rendu ap­pétit et santé à tant de citadins surmenés.
De nos jours.
Et elle nous rend actuellement un service plus appréciable encore : sans elle, sans les files de cyclistes qui sillonnent Paris et les grandes villes de France, la vie des rues serait en sommeil. C'est grâce à elle que les ban­lieusards ont pu se rendre à leur travail avant le rétablissement des trains, que les représentants de commerce peuvent visiter leurs clients, que beaucoup de commerçants ont encore la possibilité de s'approvisionner et de faire leurs livraisons. Les citadins se sont vite habitués au spectacle nouveau de tous les pédaleurs traînant une remorque où s'entassent des mar­chandises de toutes sortes.
A cette renaissance de la bicyclette, les pié­tons doivent une facilité de circulation que l'auto leur interdisait. Et l'aspect des grandes artères urbaines s'en trouve renouvelé. Sachons gré à celle qu'on avait surnommée « la petite reine », et qui rejustifie ce titre, de tous les services qu'elle nous rend : nous avons retrouvé en elle une vieille amie un peu délaissée, mais toujours précieuse et serviable.
Charles Clerc.
Article écrit en 1940 : la vieille amie, précieuse et serviable, va être encore utile quelques années...
Le deuxième article est plus pratique !
A Bicyclette !
Bravez la pluie et le froid, et soyez équipée de façon rationnelle
UNE CAPE IMPERMÉABLE pour dame ou pour homme.
Vous pourrez exécuter cette cape cycliste (pour dame ou pour homme) en linon gommé ou en tissu quelconque : bure, gabardine, par exemple, que vous tremperez dans un liquide imperméabilisant (en vente chez les spécialistes).
Le devant (1) de la cape est formé de deux moitiés, cousues ensemble sauf sur les 90 cm. du haut où vous mettrez une fermeture éclair.
Le dos (2) est formé de deux grands morceaux assemblés par le milieu. Vous ferez dans le haut du dos deux plis plats de 2 cm5, de part et d’autre du milieu; vous aurez ainsi plus d'ampleur dans le dos, sans pour cela élargir l'encolure.
La capuche sera confectionnée en cousant ensemble deux morceaux (3) symétriques. Vous la fixerez sur l'encolure de la cape suivant BC.
Vous rabattrez un large ourlet suivant A B dans lequel vous passerez un cordon qui vous permettra de froncer la capuche autour de votre visage. La capuche ainsi bien serré ne s'envolera plus pendant la marche de la bicyclette.
DES CUISSARDS
Voici un modèle de cuissards imperméables que vous pourrez facilement exécuter pour votre mari. Ils protègent à la fois la jambe et le soulier. Abrité par une cape cycliste et des cuissards, votre mari sera parfaitement protégé. Vous lui éviterez ainsi bien des rhumes.
Description. — Les deux cuis­sards sont maintenus en haut par une patte boutonnée sur une ceinture. Ils se ferment en bas par uns fermeture éclair doublée d'un soufflet qui assure l'étanchéité. Un sous-pied maintient la partie inférieure sur le soulier. Le cuissard lui-même est taillé en un seul morceau. SI vous l'exécutez dans un vieil imperméable à vous et si vous n'avez pas suffisamment de largeur, faites-le en deux morceaux réunis derrière par une couture supplémentaire.
La patte du haut, la ceinture et le sous-pied sont exécutés en tissu double afin de donner plus de solidité.
Patte du haut. 32 cm. sur 4 cm. ; sous-pied, 20 cm. sur 4 cm. : ceinture. 1 mètre sur 4 cm.
Il faut : Toile cirée ou moleskine noire ou toile imperméabilisée, ou encore le dos de deux vieux imperméables. Deux fermetures éclair de 20 cm. de long.

DES SACOCHES PRATIQUES
Pour mettre votre sac à main, vos affaires personnelles, vos emplettes, votre cape cycliste, voici deux sa­coches bien commodes qui ne vous gêneront pas et dont vous ne sen­tirez pas le poids. Vous pourrez les faire vous-même à peu de frais.
Il faut : Toile imperméabilisée ou grosse toile à bâche imperméable, 4 mètres de galon croisé pour border les couvercles et le haut des sacoches. 16 anneaux d'acier inoxydable.
EXECUTION. - Chaque sacoche se compose de deux morceaux (1) reliés par le souf­flet (4). Sur la face interne de la sacoche, on fixe deux petites pattes où passeront deux courroies qui s'attacheront sur les tringles du porte-bagage. Sur la face extérieure, à la même hauteur, on fixe par deux pattes semblables deux anneaux à chaque patte. Dans ces anneaux viendront s’attacher les courroies du couvercle.
Le couvercle. — Commencer par coudre C sur D, sur les deux côtés du couvercle, afin de lui donner de la profondeur. Fixer ensuite le couvercle suivant E F au haut de la sacoche. Prendre dans la même couture la pièce impaire (2) qui se place sur le porte-bagage et réunit les deux sacoches.
Le dessus du porte-bagage. -Cette pièce (2) sera fendue à quatre endroits, comme l'indique le schéma. Ces fentes permettront, si on le veut, de passer des cour­roies. Fixées au porte-bagages pour attacher des colis.
Les courroies. — Vous les confec­tionnerez, ainsi que les pattes, en même tissu, suivant le patron (5) et (6). Pour les rendre solides, vous les exécuterez en tissu double en pliant en deux les morceaux suivant la longueur.
La petite courroie (7) se passe dans la patte A pour se fixer aux tringles du porte bagage. Vous fixerez à une de ses extrémités deux petits anneaux d'acier inoxydable.
Pour un prochain voyage ? Pourquoi pas une traversée de Paris...

1 commentaire:

  1. Ainsi, Laurence fait des brocantes. Je reste certain qu'elle n'a pas acheté ce numéro au hasard: elle savait qu'il parlait de "la petite reine". En tous cas, elle va pouvoir de confectionner le kit du cycliste qui va avec ton vélo rétro pour ton prochain Paris-Brest...

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