Photo parue dans le N° 385 du 26 octobre 1953 |
Je n'ai pas été Anquetiliste, pas plus que Poulidoriste... trop jeune. Il a arrêté sa carrière cycliste en 1969, j'avais 10 ans. J'ai juste eu le temps d'être Merckxiste.
Anquetil, je l'ai peut-être aperçu quand j'avais 5 ou 6 ans. Ma mère m'avait emmené au bord de la route pour voir passer le Tour de France, à Poulvern, entre Lorient et Vannes. Je ne me souviens pas des coureurs du Tour de France, je crois même que nous étions arrivés en retard pour la caravane publicitaire : pas de veine à Poulvern... Je me souviens seulement que le vélomoteur de ma mère était tombé en panne au retour. Heureusement, c'était tout près du bourg de Mendon et on avait poussé la Mobylette jusqu'au garage (Et il y a une petite montée pour arriver à Mendon... Fallait la hisser là-haut, la machine !). Heureusement, le mécanicien l'avait réparée facilement : "C'est la bougie..." C'était toujours la bougie !
Tout ça pour dire que je n'ai pas de souvenir d'Anquetil, coureur.
Tout ça pour dire que je n'ai pas de souvenir d'Anquetil, coureur.
En plus, nous, on ne criait pas "Vas-y, Anquetil !"... ou alors rarement, dans un moment d'égarement. C'était "Vas-y Poupou !" ou même des fois, "Vas-y Bobet !". Nous étions en Bretagne, quand même.
J'ai appris à connaitre Anquetil plus tard, dans les années 80, quand il livrait son point de vue sur le Tour de France à Europe 1 (Est-ce qu'on disait encore "Europe n°1" ?). J'aimais bien sa voix, une voix très radiophonique. Et puis ses propos étaient toujours pertinents, Jacques Anquetil savait de quoi il en retournait !
Il y avait aussi le Miroir du Cyclisme (Miroir, mon beau Miroir...) où l'on parlait régulièrement de lui, de ses exploits, de ses victoires, avec souvent un brin de nostalgie.
Voici quelques jours, je rangeais mes "Miroir" de l'année 1987 dans une reliure prévue à cet effet et j'ai trouvé ce numéro spécial (supplément au numéro 401 de novembre 1987).
Voici quelques jours, je rangeais mes "Miroir" de l'année 1987 dans une reliure prévue à cet effet et j'ai trouvé ce numéro spécial (supplément au numéro 401 de novembre 1987).
Et je me suis plongé dans mes collections pour me remémorer la geste cycliste de ce seigneur du vélo.
En commençant par feuilleter ce bel album.
Et voici tout d'abord l'hommage du grand journaliste Maurice Vidal au coureur.
Le texte s'intitule "La ligne droite", un beau texte, comme la plupart des articles de Vidal. Une "plume", hélas méconnue aujourd'hui.
Le long texte de cette revue qui retrace la carrière de Jacques Anquetil est d'un autre journaliste du Miroir, Henri Quiqueré. J'en reparlerai car me voici parti, je pense, pour une série de messages où je vais tenter de faire plus ample connaissance avec Maitre Jacques. Me plonger dans mes archives depuis les années 50 pour ressortir quelques documents d'époque, sans aucune prétention exhaustive ni encyclopédique, juste pour le plaisir de feuilleter de vieilles revues, pour patienter jusqu'à la belle saison où je pourrai reprendre la route avec plus d'assiduité.
En commençant par feuilleter ce bel album.
Le texte s'intitule "La ligne droite", un beau texte, comme la plupart des articles de Vidal. Une "plume", hélas méconnue aujourd'hui.
"De l'automne 1953 à ce 18 novembre 1987,
il n'y a qu'une ligne droite. Et pourtant cet homme apparemment sans
mystère est toujours resté une énigme : était-il indifférent ou sensible, stoïcien ou trop doué, inconscient ou lucide,
intelligent ou simplement adapté,
doté de force exceptionnelle ou capable de puiser loin dans un tréfond douloureux ? On a sans cesse répondu au fil des événements, et
sans cesse balancé, secoué par l'admiration,
la passion, le doute et la froide raison qui ne
s'entendent pas toutes. Mais au bout de la
ligne droite, les réponses sont claires,
estampillées par l'épreuve la plus probante. Il a regardé la mort en face, reconnaissant enfin une adversaire qu'on ne vainc pas. Mais
l'a regardée de haut, la
bravant jusqu'au bout.
De tant de raisons d'admirer Anquetil, des millions d'hommes et de
femmes choisiront sans doute d'avoir entendu,
pendant le dernier Tour de
France, une voix inchangée commenter sur Antenne 2 et Europe N°l le Tour de France. Même compétence,
même regard aigu sur la course et sur les hommes,
même lucidité, même respect
de ses cadets, même gouaille insolite... Et cet homme
venait d'apprendre qu'il avait un cancer probablement
irrémédiable. Opéré après le Tour de France, il était encore présent à son poste de directeur de
l'équipe de France des championnats du
monde. On n'en croyait
ni ses yeux, ni ses oreilles, ni son cœur. Même bien
renseignés comme nous l'étions, on se mettait encore à douter,
d'un doute en forme d'impossible espoir.
Sacré Jacques, jusqu'au
bout il nous aura fait le coup ! Mais par ce dernier-là, dans une pirouette superbe, il éclaire tout : sa volonté était
de fer, son assurance de la lucidité, ses ressources du courage, son
exactitude du professionnalisme, son indifférence une élégance de
la dignité.
J'écrivais lorsqu'il
quitta la compétition en 1969,
après 16 incroyables années au sommet : « II s'en va... sa popularité commence ». Aujourd'hui on peut écrire : il s'en va et la vérité éclate. Toute sa vie il a découragé l'hyperbole, cet homme
prudent qui prenait tous les risques. Il faut parler de lui comme il parlait du sport, de la vie, de tout : avec naturel
encore plus que simplicité, avec la curiosité que méritent les
chefs-d'œuvre accomplis. Sa carrière sportive est une belle histoire, avec
de hauts faits d'armes et toutes les aventures imaginables, avec des amis chers, des rivalités
entretenues même par lui, une
sagesse de sioux et des
coups de folie. Des rendez-vous sans cesse donnés, et sans cesse respectés.
Mais rien ne peut décrire la
métamorphose de cet enfant de la glaise devenue statue. Avec un sourire goguenard et un cœur qui bat,
qui bat, qui bat..."
Maurice VidalLe long texte de cette revue qui retrace la carrière de Jacques Anquetil est d'un autre journaliste du Miroir, Henri Quiqueré. J'en reparlerai car me voici parti, je pense, pour une série de messages où je vais tenter de faire plus ample connaissance avec Maitre Jacques. Me plonger dans mes archives depuis les années 50 pour ressortir quelques documents d'époque, sans aucune prétention exhaustive ni encyclopédique, juste pour le plaisir de feuilleter de vieilles revues, pour patienter jusqu'à la belle saison où je pourrai reprendre la route avec plus d'assiduité.
Je ne peux bien évidemment ne pas déposer un commentaire en ce jour anniversaire.
RépondreSupprimerVous savez bien que je suis un "Anquetiliste" inconditionnel! Ses exploits bercèrent toute mon enfance et ma jeunesse.
Cette idolâtrie de l'époque était presque naturelle. J'étais normand comme lui et le village de Quincampoix était distant d'une vingtaine de kilomètres de mon bourg natal. Ses chevauchées, même en amateur, étaient relatées en long et en large par le quotidien régional Paris-Normandie. Et j'eus l'occasion de le voir s'entraîner derrière le derny d'André Boucher lorsqu'il préparait ses courses contre la montre.
J'ai raconté cette passion dans plusieurs billets de mon blog "encre violette" que vous avez la gentillesse de classer parmi les blogs que vous aimez. Sa fille Sophie y déposa même un émouvant commentaire.
http://encreviolette.unblog.fr/2009/04/15/
http://encreviolette.unblog.fr/2009/08/22/
http://encreviolette.unblog.fr/2009/10/01/
http://encreviolette.unblog.fr/2009/10/15/
On y parle même de Merckx!
Je vais être évidemment plus qu'attentif aux futurs messages concernant "mon" Maître Jacques.
Bien cordialement.
Jean-Michel
Merci pour le commentaire. Je suis plongé dans les vieilles revues et je me régale...
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