Le départ de Tinténiac fut agréable dans le petit matin. Pourtant en approchant de Sens de Bretagne d'étranges personnages se dessinent sur le goudron humide de la route : Des sorcières au nez crochu dansent la sarabande avec des bébés joufflus... D'improbables korrigans semblent m'encourager à pédaler plus fort tandis que d'horribles monstres de bitume me font des grimaces ! Je crois même apercevoir sur la route le profil du Général De Gaulle et le crâne de Giscard d'Estaing...
Je sais qu'il faut que je m'arrête avant que le fantôme de Sarkozy ne me double sur son beau vélo.
Justement j'arrive à Sens de Bretagne et je me mets en quête d'un endroit où me reposer quelque temps. Le sas du Crédit mutuel de Bretagne est occupé par une charmante Japonaise qui dort comme un bébé. Elle est seule dans ce confortable et vaste espace mais je ne voudrais à aucun prix la réveiller.
En face un abribus me conviendra et je m'allonge sur un banc.
Combien de temps ai-je dormi ? Je ne le sais. Le craquement du banc me réveille. Je sursaute. un homme est assis près de moi.
"Excusez-moi, je ne voulais pas vous réveiller.
- Pas grave, il faut que j'y aille...
- Bon courage, alors.
- Vous aussi."
Il me regarde, étonné. Le jour se lève à peine, ne lui en faut-il pas du courage à lui aussi pour aller travailler ?
Je repars, j'ai froid... j'ai mal au genou gauche, ça change pour une fois. J'enfile un bandeau sur mes oreilles et une genouillère sur mon membre douloureux.
Un groupe me rattrape, qui roule vite. J'hésite à les suivre quand je reconnais mes amis de l'Aisne ! Alain et Bernard de Villers Cotterets et Daniel de Château Thierry. Je décide de les suivre et mon PBP change d'allure.
Si je m'étais un peu ennuyé jusque là, je commence à trouver l'aventure agréable avec 3 compères de bonne compagnie !
Nous arrivons à Fougères vers 8h00 et y prenons notre petit déjeuner.
Alain semble tenter par la triplette...
Mais nos amis Allemands du tridembrothers ne l'entendent pas de cette oreillette...
Entre Fougères et Villaines la Juhel, la route me semble moins longue malgré les durs "tape-cul" qui agrémentent le parcours !
Pas le temps de s'arrêter aux ravitos !
Juste le temps de saluer les supporters bretons...
Plus question de se reposer au bord de la route, la fatigue a disparu !
Notre groupe roule vite et pas toujours bien car ce sympathique cyclo "Sky", que j'avais d'abord pris pour
un Anglo-saxon, est un spécialiste de la queue de poisson ! Mais il roule remarquablement bien le bougre sur sa belle randonneuse Berthoud.
A Villaines la Juhel, l'accueil est toujours aussi sympa et comme d'habitude nous repartons avec un petit souvenir : cette année, c'est un petit porte-clef.
Nous avalons un sandwich -et oui, je commets l'erreur d'abandonner mon régime de pâtes...- et prenons le temps de discuter. C'est aussi pour moi l'occasion de saluer Gérald Paillard qui organise de si beaux Brevets Audax dans l'Aube !
Avant de repartir nous échangeons quelques propos avec des spectateurs intrigués par mon petit kangourou.
Notre petit groupe repart vers Mortagne au Perche en compagnie de deux cyclistes de Cléguérec dans le Morbihan. L'ambiance est excellente et la route assez facile, surtout que le vent nous est toujours favorable.
Pourtant avant d'arriver à Mamers, un petit problème... gastrique m'oblige à m'arrêter (Maudit sandwich !) laissant partir mes compagnons de fortune.
Je leur promets de les rattraper mais mes jambes flageolent, mon estomac crie famine, je sens mes joues se creuser... Il reste moins de 200 kilomètres, je ne panique pas même si je me fais beaucoup doubler par beaucoup de cyclos, des voitures et des gros camions !
Mamers apparaît enfin et son ravitaillement offert par le club des aînés ruraux. Je m'y arrête et déguste une soupe qui me redonne vie ! Je me repose au son des...
...accordéons : la musique me redonne des forces.
Je peux repartir vers le contrôle de Mortagne au Perche en toute tranquillité.
Photographié par un Français !
Encouragé par des Anglais !
Acclamé par des supportrices en folie...
... et par des supporters itou !!!
A Mortagne, je retrouve les bus danois qui me rappelle de mauvais souvenirs de 1999...
...quand j'avais dû abandonner à Brest pour avoir voulu suivre de jeunes Danois qui roulaient trop vite pour moi.
Et je retrouve mes trois compères de l'Aisne qui se demandaient ce que j'étais devenu.
Pourtant, je repars seul pour la traversée du Perche, Alain devant se rendre à l'infirmerie pour soigner un début de tendinite au talon d'Achille.
Les bosses se succèdent mais elles me semblent moins difficiles que dans mes souvenirs du Paris Brest Paris Audax du mois de juillet. Il fait moins froid et le fait de discuter, entre autre avec ce cyclo au beau maillot à l'hermine, permet aux difficultés de passer plus facilement...
Au bas de la descente de Longny, je sais que c'est gagné. Il reste peu de difficultés et surtout ce grand morceau de plat avant Dreux.
Et ce sera d'autant plus facile qu'après La Ferté Vidame mes trois amis Picards me rejoignent. Et c'est parti pour une belle partie de manivelle sur la plaine, vent dans le dos ! Pas le temps de sortir l'appareil photo. Nous arrivons à Dreux le nuit à peine tombée.
Je salue sur le parking l'ami Nanar de Seine et Marne qui a monté ici un véritable camp autour de son Land-Rover.
L'accueil des bénévoles est ici aussi chaleureux : nous sommes applaudis par les gens qui pointent nos carnets de route. Et je m'en veux de ne pas les avoir photographiés...
Je salue sur le parking l'ami Nanar de Seine et Marne qui a monté ici un véritable camp autour de son Land-Rover.
L'accueil des bénévoles est ici aussi chaleureux : nous sommes applaudis par les gens qui pointent nos carnets de route. Et je m'en veux de ne pas les avoir photographiés...
Nous repartons pour une dernière étape de nuit. Heureusement le fléchage est excellent et l'étape courte car elle n'est pas de tout repos. Je fatigue un peu et me glisse en queue du peloton qui s'est rassemblé autour de nous. Si je m'endors, je tomberai seul...
Dans la bosse de Gambaiseuil, je retrouve mes esprits et reprends ma place en tête du groupe. L'approche de Guyancourt nous paraît longue, surtout lorsque nous nous faisons insulter et recevons quelques projectiles de la part de quelques crétins banlieusards.
La boucle est bouclée. Je retrouve Laurence (C'est la troisième fois qu'elle vient me chercher à Guyancourt au milieu de la nuit, il faudra que je change mes plans en 2015...) et l'ami Pascal qui sont venus me "récupérer". Je salue mes compagnons de route.
De gauche à droite (hélas le cliché n'est pas très bon.) : Daniel et Alain qui sont des briscards du PBP et Bernard dont c'est le premier PBP randonneurs. Et tous les trois ont aussi terminé le PBP Audax en juillet.
Merci à eux trois !
De retour de "vacances" si on peut dire cela quand on est retraité, je me suis plongé dans la relation de vos exploits vélocipédiques. Engloutir deux Paris-Brest-Paris quasiment à la file, ce n'est pas du gâteau!!!
RépondreSupprimerDommage que je ne fus pas encore revenu à mon domicile, j'aurais pu vous encourager puisque vous êtes passé tout près de chez moi. Oubliez les crétins "caillasseurs" de ma banlieue qui ne comprennent malheureusement pas la valeur sportive et morale de votre performance.
Un grand bravo encore à vous tous qui réhabilitaient la légende du bon vieux cyclisme d'antan