Avec au menu le "Galibier géant"...
Pour commencer, donnons la parole à Jean Sapeur.
"Pour le dernier jour, le Galibier, au nom prestigieux, était
le morceau de résistance de la journée.
Cols du Télégraphe et du Galibier, route en bon état à la montée, aucune
difficulté, si ce n'est le pourcentage, mais il compte. Plongée parmi les
cailloux sur le Lautaret et, de là, route excellente jusqu'à Séchilienne. A cet
endroit, une petite surprise-maison : le G. C. 113 pour monter à Laffrey, dernière bosse de l’épreuve, mais elle est un
peu là pour son sol et son premier kilomètre. Une descente rapide —ô combien —
et le parc fermé, installé dans l'ancien gymnase municipal, attend les pilotes
et les machines pour l'ultime vérification.
A l'heure où j'écris ces lignes, le classement vient d'être
terminé et les résultats proclamés. Je n'ai donc pas le temps de reprendre les
carnets de route et les feuilles d'examens techniques pour vous parler
mécanique, mais j'espère pouvoir vous entretenir de ce sujet la semaine
prochaine..."
Pour en savoir un peu plus, je reproduis ci-dessous le début d'un autre article " de notre envoyé spécial...", peut-être s'agit-il du journal L'Auto (?) et l'auteur ne serait-il pas Claude Tillet, le directeur de l'épreuve (?).
"Grenoble, 18 août, par téléphone.
Faisons tout d'abord, si vous
le voulez bien un rapide bilan
de la quatrième étape de ce premier Critérium cyclotouristique des Alpes qui
vient de se terminer à Grenoble sur un vif succès.
Trente-cinq concurrents avaient quitté
ce matin Saint-Jean-de-Maurienne. Trente-trois arrivèrent dans les temps
réglementaires à Grenoble et furent définitivement classés.
Le Télégraphe, le Galibier,
le Lautaret et aussi la très dure côte de Laffrey avaient donc fait des
victimes et l'épreuve prouvait ainsi pour la quatrième fois qu'elle correspondait parfaitement
à ce qu'on attendait d'elle. Très
difficultueuse, hérissée d'embûches
de toute nature, elle avait impitoyablement éliminé des engins et des
pilotes qui, en toute autre circonstance,
auraient parfaitement « tenu le coup » ;
et elle avait mis en relief les qualités exceptionnelles de ceux et
de celles ayant réussi à se tirer indemnes ou
à peu près indemnes de la bataille. Les vaincus
n'ont pas démérité car ils succombèrent tous de défaillances physiques ou mécaniques
relativement peu graves (On ne constata
ni une rupture de fourche, ni
une rupture de cadre, ni un
bris de guidon, ni un bris de de
frein) et les vainqueurs sortent
particulièrement grandis d’un
combat opiniâtre.
Mais avant d'en passer à quelques
brèves considérations générales sur les résultats définitivement enregistrés, terminons-en
avec la quatrième étape.
Cette fois et du point de vue
sportif, Cointepas trouva son maître, puisqu'il termina en compagnie de
Bernadet à 16 minutes de Manzatto, lequel avait lâché les lieux grands favoris
dans les derniers lacets du Galibier. Je n'affectionne pas particulièrement,
vous le savez, l’exploit sportif réalisé au cours d'une compétition technique.
Je tiens toutefois à féliciter Manzatto de ce qu'il fit et de la moyenne de 23
km. 500 qu’il réalisa. Savez-vous pourquoi ? Tout bonnement parce que notre
homme accompli cette jolie performance sur sa « Chemineau » personnelle,
vieille d'un an, ayant déjà couvert quelque 6.000 km, et pesant plus de 11 kg.
Il y a deux façons de participer à un concours de machine : faire l’mpossible
pour arracher la première place ou mettre à son actif une belle démonstration.
La démonstration de la "Chemineau" déjà ancienne est particulièrement
probante..."
Un autre article conservé par René Chardon, écrit par un journaliste qui fit l'étape dans "la Delage de M. Rivollier, le réputé constructeur des cycles RPF" nous donne un récit au plus près des concurrents.
"Dès
6 heures, les 34 concurrents s'alignent devant la spacieuse salle des fêtes
de Saint-Jean-de-Maurienne, dans laquelle avaient été exposées les machines.
Ils sont un peu anxieux, car ils vont, dans 12 kilomètres, trouver devant
eux les premiers lacets du redoutable Galibier.
Le géant
des Alpes a, depuis le Tour de France, acquis une telle réputation de
difficulté que, malgré les perfectionnements de leurs machines, les pilotes se
demandent si les 30 kilomètres de montée sévère qui les attendent n'auront pas
raison de leur endurance.
Petit à petit, notre Delage, pilotée de main de maître
par M. Rivolier, le réputé constructeur des cycles RPF nous permet de remonter
les vaillants routiers.
Nous félicitons,
au passage, les vétérans Landrieux, Pannel et Antonin, qui continuent leur
splendide démonstration et peuvent servir d'exemple à bien des jeunes.
Ils grimpent allègrement grâce à leur changement de
vitesse et leur gamme de développement judicieusement étudiée.
Les Véloriz,
curieuses bicyclettes à pédalage horizontal
paraissant avancer sans trop
de difficulté et obtiennent un gros succès de curiosité
tout au long du parcours.
Après
Valloires, la montée reprend de plus belle et nous trouvons là les lévriers qui
montent à une cadence plus rapide.
Plus haut, dans
les lacets à 11%, Cointepas, Bernadet et Manzato se livrent à
une sévère explication.
Au contrôle du Galibier, un chronométrage indique que ces 3
pilotes ont mis 2 h. 15 pour gravir les 33 kilomètres qui séparent Si-Michel du col du
Galibier. Ils ont marché à près de 15 à l'heure, ce qui est tout simplement
merveilleux quand l'on pense que 3 kiios de charge sont imposés sur le
porte-bagages de chaque machine.
C'est maintenant la descente à « fond de ballon »,
vers le Lautaret. Certains dégringolent avec une virtuosité sans pareille et la
solidité de ces légères machines est sérieusement éprouvée par les cahots de
certains passages de très mauvaise route.
C'est là que l’on s'aperçoit que le duralumin possède une solidité
suffisante pour résister au dur travail de la bicyclette sur la route; les
quelques petits incidents survenus seront facilement éliminés par une meilleure
mise au point dans l’avenir.
La vallée de la Romanche offre maintenant ses splendeurs à nos yeux
émerveillés. A Séchilienne, un nouvel obstacle se dresse devant les
roues courageux pilotes, il leur faut
remonter à Laffrey par la ravissante route de St-Barthélémy, ce sera le dernier effort avec la côte d'Uriage.
A 12 h. 30, Manzatto, d'Aix-les-Bains, se présente au gymnase
avec un quart d’heure d’avance sur Cointepas et Bernadet qui ont aussi roulé
superbement.
A l’heure de la
fermeture du contrôle, 32 concurrents sont rentrés au parc et aussitôt
les commissaires techniques inspectent minutieusement les
machines et distribuent les pénalisations techniques alors que les
secrétaires établissent les moyennes horaires des quatre étapes.
Le classement est un
travail laborieux car le règlement est à la fois complexe et sévère avec ses points de bonification et de
pénalisation qui modifient
sérieusement la position
de chaque concurrent.
Dans l'ensemble, cette manifestation a suscité un vif intérêt et a
attiré l’attention des cyclistes sur les progrès réalisés récemment dans la
cyclotechnie.
Félicitons
la Société du Duralumin et "L'Auto" de
l'avoir organisée et surtout d'avoir choisi notre beau Dauphiné comme champ
d'opérations.
Souhaitons
que les années à venir voient se renouveler cette épreuve orignale qui
contribue puissamment a développer le goût du tourisme à bicyclette."
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