L'autre jour, à une brocante, Laurence a acheté quelques vieilles revues de mode.
Il s'agit de quelques numéros du "Petit écho de la Mode" datant des années 1940 et 1941.
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Cette revue que madame Auclerc devait recevoir chaque semaine dans sa boîte aux lettres, parle de mode et de bien d'autres choses : il est en effet sous-titré "Le grand hebdomadaire féminin".
Ainsi le numéro 46 du dimanche 17 novembre 1940 parle de vélo !En effet, en page 3, la rédaction du P.E.M publie deux articles : le premier évoque la renaissance de la bicyclette, quand le deuxième, plus pratique propose de fabriquer une cape, des cuissards et des sacoches.
La
renaissance de «la Petite Reine»
C’était,
il y a quelques années encore, une petite reine détrônée.
Elle avait
pourtant
connu, dès son avènement, une popularité immense
dans toutes les classes. Mais peu à peu, l'auto régnant,
on l'avait délaissée. La voici qui renaît, qui
retrouve ses innombrables fervents de naguère : la bicyclette
revient d'exil.
A
vrai dire, elle n'avait pas attendu pour cette résurrection
que la pénurie d'essence mit sa rivale en disgrâce
forcée. Déjà, avant cette guerre, la passion du
camping l'avait remise en honneur. Elle avait cessée d'être
uniquement l'instrument de travail, l'humble bécane
au guidon rouillé que les travailleurs des campagnes
et de la ville utilisaient par tous les temps pour gagner le champ ou
l'atelier.
Aux
temps héroïques.
Ses
débuts, il y a un peu plus d'un demi-siècle, avaient
été un événement qui défraya
longtemps la chronique. Elle apparaissait si différente de ses
lointains ancêtres, la draisienne des jardins de Tivoli
et le vélocifère qu'on actionnait par l'élan
pris à terre, à l’époque où le mot
vélocipède ne désignait encore que le
conducteur, et qui n'étaient que des jouets pour grandes
personnes. Il fallut l'invention de la chaîne, des pignons de
diamètre inégal, enfin du pneumatique (bien
imparfait d'abord, puisque la moindre crevaison ne pouvait être
réparée sans d'innombrables opérations)
pour que la bicyclette devint la bonne routière, sans cesse
perfectionnée, que nous connaissons.
Champions
d'hier.
II
est curieux d'évoquer ces temps héroïques si
proches de nous, de revoir les caricatures qui représentaient
les premières femmes cyclistes, qui firent d'abord un peu
scandale avec leurs énormes culottes de zouave. Ceux qui
n'avaient jusqu'alors connu que le train de plaisir surbondé,
se sentaient des ailes sur cette machine nouvelle qui permettait, aux
beaux dimanches, des randonnées, des choix d’itinéraires,
des découvertes d'auberges, de pique-niques dont le souvenir
rayonnait sur toute une semaine laborieuse.
Henri
Desgranges, qui vient de mourir presque octogénaire, et
qui avait été l'un des premiers adeptes de la
locomotion nouvelle, en pratiquant le tricycle, allait bientôt
fonder le « Tour de France » dont les grandes étapes
attiraient chaque année une nuée de curieux.
Très
vite, les épreuves cyclistes se multiplièrent,
révélant des champions comme Terront, Jacquelin, Major
Taylor, Bourrillon, courageux devanciers des Antonin Magne, des
Pélissier, des Leducq, des Lapébie et de Gino Bartali,
roi des grimpeurs, qui triompha il y a deux ans.
Un
peu de statistique.
Il
est certain que la vogue des courses cyclistes contribua
puissamment à l'essor rapide de la « bécane ».
En 1900, il n'y avait encore en France qu'un million de bicyclettes
recensées. Leur nombre avait sextuplé vingt ans
après. De tous nos départements, c'est le Nord qui
compte le plus de cyclistes, puis viennent la Seine, la
Seine-et-Oise. Au contraire, les Hautes-Alpes , la Corrèze,
les Basses-Alpes sont à l'autre bout de la liste, le pédalage
étant rude dans ces régions accidentées.
Dès
son avènement, la bicyclette enthousiasma jusqu'à
des sédentaires. Jean Richepin la célébra
lyriquement. Et plus tard Edouard Bourdot l'employait pour toutes ses
courses à travers Paris. Quand il fut nommé
administrateur de la Comédie-Française, c'est à
bicyclette qu'il se rendait chaque jour à la
maison
de Molière.
Un
sport populaire.
Souvenons
nous : de tous les cadeaux reçus au cours de nos jeunes
années, en est-il un qui nous ait fait un plus complet plaisir
que notre première bicyclette? Elle représentait à
nos yeux, même quand nous n'étions pas encore autorisés
à l'enfourcher sans un grand compagnon de route.
L'affranchissement, l'évasion, l'hommage rendu par nos parents
à notre prudence éveillée et à nos forces
en croissance. Qu'elle ait été de nos jours, pour
certains jeunes qui voulaient jouer aux champions, un instrument de
précoce t claquage », il serait injuste de lui en faire
grief. Ces abus ne sauraient faire oublier qu'elle a été
pour beaucoup dans le récent développement du
camping, de la saine vie au grand air qui a rendu appétit
et santé à tant de citadins surmenés.
De
nos jours.
Et
elle nous rend actuellement un service plus appréciable encore
: sans elle, sans les files de cyclistes qui sillonnent Paris et les
grandes villes de France, la vie des rues serait en sommeil. C'est
grâce à elle que les banlieusards ont pu se rendre
à leur travail avant le rétablissement des trains, que
les représentants de commerce peuvent visiter leurs clients,
que beaucoup de commerçants ont encore la possibilité
de s'approvisionner et de faire leurs livraisons. Les citadins se
sont vite habitués au spectacle nouveau de tous les pédaleurs
traînant une remorque où s'entassent des marchandises
de toutes sortes.
A
cette renaissance de la bicyclette, les piétons doivent
une facilité de circulation que l'auto leur interdisait. Et
l'aspect des grandes artères urbaines s'en trouve renouvelé.
Sachons gré à celle qu'on avait surnommée «
la petite reine », et qui rejustifie ce titre, de tous les
services qu'elle nous rend : nous avons retrouvé en elle une
vieille amie un peu délaissée, mais toujours précieuse
et serviable.
Charles
Clerc.
Article écrit en 1940 : la vieille amie, précieuse et serviable, va être encore utile quelques années...Le deuxième article est plus pratique !
A
Bicyclette !
Bravez
la pluie et le froid, et soyez équipée de façon
rationnelle
UNE
CAPE IMPERMÉABLE pour dame ou pour homme.
Vous
pourrez exécuter cette cape cycliste (pour dame ou pour homme)
en linon gommé ou en tissu quelconque : bure, gabardine, par
exemple, que vous tremperez dans un liquide imperméabilisant
(en vente chez les spécialistes).
Le
devant (1) de la cape est formé de deux moitiés,
cousues ensemble sauf sur les 90 cm. du haut où vous
mettrez une fermeture éclair.
Le
dos (2) est formé de deux grands morceaux
assemblés par le milieu. Vous ferez dans le haut du dos
deux plis plats de 2 cm5, de part et d’autre du milieu; vous aurez
ainsi plus d'ampleur dans le dos, sans pour cela
élargir l'encolure.
La
capuche sera confectionnée en cousant ensemble deux
morceaux (3) symétriques. Vous la fixerez sur l'encolure de la
cape suivant BC.
Vous
rabattrez un large ourlet suivant A B dans lequel vous passerez un
cordon qui vous permettra de froncer la capuche
autour de votre visage. La capuche ainsi bien serré ne
s'envolera plus pendant la marche de la bicyclette.
DES
CUISSARDS
Voici
un modèle de cuissards imperméables que vous pourrez
facilement exécuter pour votre mari. Ils protègent à
la fois la jambe et le soulier. Abrité par une cape cycliste
et des cuissards, votre mari sera parfaitement protégé.
Vous lui éviterez ainsi bien des rhumes.
Description.
— Les deux cuissards sont maintenus en haut par une patte
boutonnée sur une ceinture. Ils se ferment en bas par uns
fermeture éclair doublée d'un soufflet qui assure
l'étanchéité. Un sous-pied maintient la partie
inférieure sur le soulier. Le cuissard lui-même est
taillé en un seul morceau. SI vous l'exécutez dans un
vieil imperméable à vous et si vous n'avez pas
suffisamment de largeur, faites-le en deux morceaux réunis
derrière par une couture supplémentaire.
La
patte du haut, la ceinture et le sous-pied sont exécutés
en tissu double afin de donner plus de solidité.
Patte
du haut. 32 cm. sur 4 cm. ; sous-pied, 20 cm. sur 4
cm. : ceinture. 1 mètre sur 4 cm.
Il
faut : Toile cirée ou moleskine noire ou toile
imperméabilisée, ou encore le dos de deux vieux
imperméables. Deux fermetures éclair de 20 cm. de long.
DES
SACOCHES PRATIQUES
Pour
mettre votre sac à main, vos affaires personnelles, vos
emplettes, votre cape cycliste, voici deux sacoches bien
commodes qui ne vous gêneront pas et dont vous ne sentirez
pas le poids. Vous pourrez les faire vous-même à peu de
frais.
Il
faut : Toile imperméabilisée ou grosse toile à
bâche imperméable, 4 mètres de galon croisé
pour border les couvercles et le haut des sacoches. 16 anneaux
d'acier inoxydable.
EXECUTION.
- Chaque sacoche se compose de deux morceaux (1) reliés par le
soufflet (4). Sur la face interne de la sacoche, on fixe deux
petites pattes où passeront deux courroies qui s'attacheront
sur les tringles du porte-bagage. Sur la face extérieure, à
la même hauteur, on fixe par deux pattes semblables deux
anneaux à chaque patte. Dans ces anneaux viendront s’attacher
les courroies du couvercle.
Le
couvercle. — Commencer par coudre C sur D, sur les deux côtés
du couvercle, afin de lui donner de la profondeur. Fixer ensuite le
couvercle suivant E F au haut de la sacoche. Prendre dans
la même couture la pièce impaire (2) qui
se place sur le porte-bagage et réunit les deux
sacoches.
Le
dessus du porte-bagage. -Cette pièce (2) sera fendue à
quatre endroits, comme l'indique le schéma. Ces fentes
permettront, si on le veut, de passer des courroies. Fixées
au porte-bagages pour attacher des colis.
Les
courroies. — Vous les confectionnerez, ainsi que les
pattes, en même tissu, suivant le patron (5) et (6). Pour les
rendre solides, vous les exécuterez en tissu double en pliant
en deux les morceaux suivant la longueur.
La
petite courroie (7) se passe dans la patte A pour se fixer aux
tringles du porte bagage. Vous fixerez à une de ses extrémités
deux petits anneaux d'acier inoxydable.
Pour un prochain voyage ? Pourquoi pas une traversée de Paris...
Ainsi, Laurence fait des brocantes. Je reste certain qu'elle n'a pas acheté ce numéro au hasard: elle savait qu'il parlait de "la petite reine". En tous cas, elle va pouvoir de confectionner le kit du cycliste qui va avec ton vélo rétro pour ton prochain Paris-Brest...
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