Hier soir, nous sommes allés voir Tri Yann à Melun. Les trois Nantais fêtent cette année les 40 ans du groupe: "40 ans et toutes ses dents". Et en effet, ces porte-drapeaux de la musique bretonne ont toujours une pêche d'enfer !
Les Tri Yann (Jean-Louis Jossic, Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau et Bernard Baudriller) en 1972, ils ont à peine changé...
Les trois Jean, accompagnés de 5 musiciens, ont repris leurs "tubes " : la jument de Michao, Les prisons de Nantes," l'hymne" breton "Bro gozh ma zadou"... j'en passe, mais également quelques compositions plus récentes de très bonne facture.
Dans ce disque de 1972, figurent "Les filles des forges", "Tri Martelod", "Les prisons de Nantes"...
Jamais, je ne fus un Breizh atao... Et j'ai vraiment découvert Tri Yann lors de mon arrivée à Paris en 1982. J'allais hanter les rayons de la FNAC de la rue de Rennes pour y acheter, entre autres, leurs 33 tours. Comme nombre d'expatriés, j'imagine, j'avais sans doute besoin de revenir à mes racines bretonnes. Tri Yann en parlait fort bien et surtout sans prise de tête, dans un univers absolument festif. D'autres groupes et chanteurs celtiques étaient beaucoup (et sont toujours... avis personnel...), beaucoup plus "lourds" !
Un texte de Morvan Lebesque résume assez cet état d'esprit de nombreux Bretons de la fin du XXème siècle . [Morvan Lebesque qui fut un journaliste du Canard enchaîné (tiens, tiens, le monde est petit...).]
( Morvan Lebesque - Tri Yann)
Extraits de COMMENT PEUT-ON ETRE BRETON?, livre de l'écrivain nantais Morvan Lebesque, sous-titré "Essai sur la démocratie française" et publié aux éditions du Seuil en 1970.
Le breton est-il ma langue maternelle? Non : je suis né a Nantes où on ne le parle pas... Suis-je même breton? Vraiment je le crois. Mais de "pure race", qu'en sais-je et qu'importé?... Séparatiste? Autonomiste? Régionaliste? Oui et non : différent. Mais alors vous ne comprenez plus. Qu'appelons-nous être breton? Et d'abord, pourquoi l'être?
... Français d'état civil, je suis nommé français, j'assume à chaque instant ma situation de français : mon appartenance à la Bretagne n'est en revanche qu'une qualité facultative que je puis parfaitement renier ou méconnaître. Je l'ai d'ailleurs fait. J'ai longtemps ignoré que j'étais breton... Français sans problème, il me faut donc vivre la Bretagne en surplus, ou, pour mieux dire, en conscience : si je perds cette conscience, la Bretagne cesse d'être en moi; si tous les bretons la perdent, elle cesse absolument d'être. La Bretagne n'a pas de papiers. Elle n'existe que dans la mesure où à chaque génération des nommes se reconnaissent bretons. A cette heure, des enfants naissent en Bretagne. Seront-ils bretons? Nul ne le sait. A chacun, l'âge venu, LA DECOUVERTE OU L'IGNORANCE...
Aujourd'hui, je me réjouis qu'un des meilleurs sonneurs bretons, Yannick Martin, soit noir de peau. Bien entendu, il a été "dénoncé" par des olibrius aussi louches que le passé d'un certain autonomisme breton qui n'hésita pas à collaborer avec les nazis dans les années 40 !
Alors, si je ne suis pas fier d'être Breton (pas plus que Français ou...instituteur...), je SUIS Breton et cela m'a fait vraiment plaisir d'entendre le Tri Yann à Melun dans une salle comble (malgré l'inconfort des sièges...).
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