Dimanche 23 juillet 2017
L'étape Beauceronne
La nuit fut fort agréable dans notre petite cabane. Pour notre premier petit déjeuner des vacances, nous nous sommes rendus au village de Boulancourt.
Il reste ici un commerce comme il y en avait tant dans chaque village de France et qui ont disparu quasiment partout : la faute à Leclerc (pas le général, le commerçant.), la faute à Carrefour, la faute à Intermarché...
Chez Françoise, c'est donc l'épicerie-bar à l'ancienne. Nous y prenons notre petit déjeuner et y faisons nos courses pour le pique-nique de midi.
En revenant vers le camping, nous apercevons ces tours, ces murailles. Aurions-nous dormi dans un village médiéval, une cité fortifiée ? Et on nous l'aurait caché ?
En fait, rien de moyen-âgeux ici. Pas de sièges menés par des chevaliers revêtus d'armures métalliques à Boulancourt.
Ces tours furent construites dans les années 1920 sur la route qui descend au château d'Augerville à la demande de la propriétaire du château, Madame Belmont, milliardaire américaine. Madame Belmont fut une des figures de proue du mouvement de défanse du droit de vote des femmes.
Après cette petite visite matinale aux Tours de Boulancourt, il nous fallait revenir au camping pour charger les vélos et partir à La Retraite... par une petite route fort bucolique qui nous mena vers Malesherbes, dans le Loiret. Et puis, il nous fallut traverser la Beauce et affronter un fort vent d'ouest.
En plus, ce n'est pas complètement plat la plaine de Beauce ! Il y a des jolis "faux-plats" comme les apprécie Laurence...
Le propos du grand René Fallet s'avéra aujourd'hui exact :
"Tel le veau d'or, le vent est toujours debout. Le fameux « vent dans le dos » n'est qu'un mythe, un atmosphérique monstre du Loch Ness." Le Vélo - Edition Denoël
On devrait lire, et relire plus souvent Fallet !
Là, face au vent de la Beauce, quand on sait qu'on en a pour la journée, le cycliste ne doit faire montre d'une seule qualité : L'HUMILITE ! Pour l'humidité, ça viendra plus tard...
Aujourd'hui Laurence a compris l'utilité d'avoir un équipier qui la protège du vent. Elle a vérifié le sens du mot "bordure".
Pour s'occuper l'esprit, on peut penser. C'est important le vélo pour penser. Alors j'ai pensé et j'ai chanté. J'ai pensé à l'ami de Fallet, Georges Brassens qui faisait du vélo, mais sans crainte du vent, lui, car il utilisait, je crois, un home-trainer.
Et il a écrit une fort belle chanson sur le vent. En voici la version de Catherine Ringer :
Le vent, toujours le vent. Le vent et la Beauce...
Malins comme ils étaient, nos ancêtres avaient construit sur cette grande plaine quantité de moulins à vent et ceci dès le Moyen-âge.
Si j'en crois le site "Moulins de Beauce", il y eut au XIXème siècle jusqu'à 1800 moulins en activité dans la région. Aujourd'hui, il en resterait une vingtaine, en plus ou moins bon état. Des associations essaient d'en garder quelques-uns en état de fonctionnement. C'est le cas de celui de la Garenne situé à proximité du village d'Ymonville.
La Beauce, c'est aussi les textes de Gaston Couté, poète maudit, poète anar, qui conta si bien son pays natal, qui cria si fort son dégout des "bourgeoisieaux" et des "nantis".
Fils de meunier, son père exerçait ce métier dans un moulin à eau à Meung sur Loire. Il écrivit quelques textes sur les moulins. Dont celui-ci :
Y'avait eun' fois un pauv'gâs
Qu'avait pour viv' que ses bras.
I'trimait à s'échigner,
Mais, un jour que son moulin
Grugeait du blé pour la gueule
Des bourgeoisieaux du pat'lin,
S'fit prende el'bras sous la meule...
Et, d'pis qu'i peut pus masser,
I's'trouv' sans l'sou et sans croûte ;
Mais ceuss' qu'il a engraissés,
Tous les bourgeoisieaux, s'en foutent...
Car l'vieux moulin bieauceron
Tourn'toujou's quand la bis'vente,
Tourn' toujou's, en f'sant ron ron
Coumme un chat qui s'chauffe el'vent'e...
Et gn'a core eun aut' meugnier
Qui trim'la s'maine et l'dimanche
Pour qu'les mangeux d'pain gangné
N'n'ayin toujou's su'la planche ! ...
Alva Belmont (1853 - 1933) photographiée en 1911 (source Wikipédia) |
Après cette petite visite matinale aux Tours de Boulancourt, il nous fallait revenir au camping pour charger les vélos et partir à La Retraite... par une petite route fort bucolique qui nous mena vers Malesherbes, dans le Loiret. Et puis, il nous fallut traverser la Beauce et affronter un fort vent d'ouest.
En plus, ce n'est pas complètement plat la plaine de Beauce ! Il y a des jolis "faux-plats" comme les apprécie Laurence...
Le propos du grand René Fallet s'avéra aujourd'hui exact :
"Tel le veau d'or, le vent est toujours debout. Le fameux « vent dans le dos » n'est qu'un mythe, un atmosphérique monstre du Loch Ness." Le Vélo - Edition Denoël
On devrait lire, et relire plus souvent Fallet !
Dessin de Blachon,illustration parue dans le livre de René Fallet "Le vélo" |
Aujourd'hui Laurence a compris l'utilité d'avoir un équipier qui la protège du vent. Elle a vérifié le sens du mot "bordure".
Pour s'occuper l'esprit, on peut penser. C'est important le vélo pour penser. Alors j'ai pensé et j'ai chanté. J'ai pensé à l'ami de Fallet, Georges Brassens qui faisait du vélo, mais sans crainte du vent, lui, car il utilisait, je crois, un home-trainer.
Et il a écrit une fort belle chanson sur le vent. En voici la version de Catherine Ringer :
Le vent, toujours le vent. Le vent et la Beauce...
Moulin à vent de la garenne Ymonville |
Si j'en crois le site "Moulins de Beauce", il y eut au XIXème siècle jusqu'à 1800 moulins en activité dans la région. Aujourd'hui, il en resterait une vingtaine, en plus ou moins bon état. Des associations essaient d'en garder quelques-uns en état de fonctionnement. C'est le cas de celui de la Garenne situé à proximité du village d'Ymonville.
La Beauce, c'est aussi les textes de Gaston Couté, poète maudit, poète anar, qui conta si bien son pays natal, qui cria si fort son dégout des "bourgeoisieaux" et des "nantis".
Fils de meunier, son père exerçait ce métier dans un moulin à eau à Meung sur Loire. Il écrivit quelques textes sur les moulins. Dont celui-ci :
COMPLAINTE DE L'ESTROPIE
Gaston Couté (1880 - 1911) |
Au vieux moulin bieauceron
Qui tourne quand la bis'vente,
Qui tourne en faisant ron ron
Coumme un chat qui s'chauffe el'vent'e,
Qui tourne quand la bis'vente,
Qui tourne en faisant ron ron
Coumme un chat qui s'chauffe el'vent'e,
Y'avait eun' fois un pauv'gâs
Qu'avait pour viv' que ses bras.
I'trimait à s'échigner,
En s'maine et même el'dimanche,
Pour qu'les mangeux d'pain gangné
N'n'ayin toujou's su'la planche.
Pour qu'les mangeux d'pain gangné
N'n'ayin toujou's su'la planche.
Mais, un jour que son moulin
Grugeait du blé pour la gueule
Des bourgeoisieaux du pat'lin,
S'fit prende el'bras sous la meule...
Et, d'pis qu'i peut pus masser,
I's'trouv' sans l'sou et sans croûte ;
Mais ceuss' qu'il a engraissés,
Tous les bourgeoisieaux, s'en foutent...
Car l'vieux moulin bieauceron
Tourn'toujou's quand la bis'vente,
Tourn' toujou's, en f'sant ron ron
Coumme un chat qui s'chauffe el'vent'e...
Et gn'a core eun aut' meugnier
Qui trim'la s'maine et l'dimanche
Pour qu'les mangeux d'pain gangné
N'n'ayin toujou's su'la planche ! ...
Gérard Pierron - Chanteur et compositeur |
Les textes de Gaston Couté ont été beaucoup mis en musique et chantés. J'avoue avoir un faible pour les interprétations de Gérard Pierron qui collabora également avec Allain Leprest.
Comme nous sommes en Beauce, je suis obligé de placer ici "Les mangeux d'terre" mis en musique par Pierron.
Magnifique, non ?
Le site http://gastoncoute.free.fr est superbement documenté pour qui veut en savoir plus sur le poéte.
Il y eut un autre moulin sur notre chemin : "Meunier, tu dors ? Ton moulin est en panne ?" Parce qu'avec ce p... de vent qui souffle, qui souffle, elles devraient tourner tes ailes !
Bien sûr, ce qui devait arriver... arriva. Comme le jour précédent, la pluie s'invita sur notre route. Un petit crachin, presque breton, d'abord. Et puis, à mesure que nous approchions de notre étape du soir, elle tomba de plus en plus fort.
Arrivant au camping de Bonneval, Laurence planta la tente sous un chêne, ainsi elle fut un peu protégée de toute cette flotte qui tombait du ciel.
De retour de la douche, bien agréable quand même, je trouvai la tente montée. Il ne me restait qu'à la fixer au sol. Avec toute cette humidité, pas besoin de marteau !
J'ai remarqué bientôt un petit plateau contenant une cafetière, deux tasses et des biscuits sur le sol. Notre voisin de camping, un Anglais en camping-car, avait gentiment offert à Laurence cette petite collation : "Tea or Coffee ?"
Un peu de chaleur et de douceur dans ce monde... humide.
Tiens, ça me fait penser à "L'Auvergnat" de Brassens, un "Auvergnat" anglais cette fois.
Il nous restait encore à trouver un endroit où manger ce soir. Chose facile, le camping possède une pizzéria ! Ainsi avons-nous pu dîner à l'abri et au chaud de délicieuses pizzas. Nous avons pu également fait connaissance avec un petit faucon, les propriétaires, fort gentils, étant également éleveurs de rapaces. Sans doute faudrait-il revenir ici avec de meilleures conditions météorologiques.
Mais bientôt, il nous fallut regagner notre petite tente... sous la pluie ! Et elle avait redoublé de vigueur : Que d'eau ! Que d'eau !
Elle tomba ainsi jusqu'à deux heures du matin et notre tente se révéla particulièrement étanche.
Le site http://gastoncoute.free.fr est superbement documenté pour qui veut en savoir plus sur le poéte.
Il y eut un autre moulin sur notre chemin : "Meunier, tu dors ? Ton moulin est en panne ?" Parce qu'avec ce p... de vent qui souffle, qui souffle, elles devraient tourner tes ailes !
Bien sûr, ce qui devait arriver... arriva. Comme le jour précédent, la pluie s'invita sur notre route. Un petit crachin, presque breton, d'abord. Et puis, à mesure que nous approchions de notre étape du soir, elle tomba de plus en plus fort.
Arrivant au camping de Bonneval, Laurence planta la tente sous un chêne, ainsi elle fut un peu protégée de toute cette flotte qui tombait du ciel.
De retour de la douche, bien agréable quand même, je trouvai la tente montée. Il ne me restait qu'à la fixer au sol. Avec toute cette humidité, pas besoin de marteau !
J'ai remarqué bientôt un petit plateau contenant une cafetière, deux tasses et des biscuits sur le sol. Notre voisin de camping, un Anglais en camping-car, avait gentiment offert à Laurence cette petite collation : "Tea or Coffee ?"
Un peu de chaleur et de douceur dans ce monde... humide.
Tiens, ça me fait penser à "L'Auvergnat" de Brassens, un "Auvergnat" anglais cette fois.
Il nous restait encore à trouver un endroit où manger ce soir. Chose facile, le camping possède une pizzéria ! Ainsi avons-nous pu dîner à l'abri et au chaud de délicieuses pizzas. Nous avons pu également fait connaissance avec un petit faucon, les propriétaires, fort gentils, étant également éleveurs de rapaces. Sans doute faudrait-il revenir ici avec de meilleures conditions météorologiques.
Mais bientôt, il nous fallut regagner notre petite tente... sous la pluie ! Et elle avait redoublé de vigueur : Que d'eau ! Que d'eau !
Elle tomba ainsi jusqu'à deux heures du matin et notre tente se révéla particulièrement étanche.
Boulancourt - Bonneval (97 km)
C'est encore loin La Retraite ?
Eh ben ,tu l'auras pas volée, ta retraite!!!
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