Mercredi 9 novembre 2011
"Moi mon colon cell' que j'préfère
C'est la Guerr' de 14-18..."
Brassens le chantait déjà au siècle dernier... Alors, à quelques jours du 11 novembre, me voici repartit vers les champs de bataille de septembre 1914.Cette balade commémorative m'a conduit dans la région de Meaux.
En effet, à deux jours de l'inauguration du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux, je voulais me rendre compte de ce qu'était réellement ce beau projet dont on va entendre beaucoup parler dans les jours qui viennent.
Et pour changer un peu, j'ai choisi de prendre une route inhabituelle par Coulommiers et le joli petit village d'Aulnoy pour rejoindre la vallée de la Marne.
Le temps étant très doux, j'ai même pu emporter le casse-croûte que j'ai dégusté près de ce chêne (n'est-il pas beau ?) à Coulommes.
Le Musée de la grande Guerre s'affiche dans les abribus en ce moment.
Et je prends le temps aussi d'admirer les belles fermes briardes.
Arrivant sur des terres de vélo inconnues pour moi, je vais pouvoir enrichir ma collection de panneaux de quelques beaux spécimens.
Une rue Philo : on s'attendrait presque à voir surgir sur son vélo blanc, bien entendu, un philosophe médiatique à la chemise blanche également !
A Couilly Pont aux Dames (Quel drôle de nom...), je retrouve le Grand Morin qui rejoindra bientôt la Marne à Condé Sainte Libiaire.
Et dans la vallée de la Marne, je peux admirer ....
... et photographier également...
... de belles demeures, dans cette partie de la vallée de la Marne que je ne connais pas.
Et compléter encore et toujours ma collec' par cette plaque de cocher en tôle émaillée (Rares dans la région, elles semblent n'avoir pas résisté à la rouille.)
D'autres panneaux, plus récents, me permettent de ricaner (Hé ! Hé! Hé!) à cause de certains apparentements... coquins ? Et en plus l'usine élévatoire est proche : pour monter au septième ciel ?
Usine élévatoire, classée monument historique...
...qui permet, si j'ai tout saisi, d'alimenter en eau de la Marne le canal de l'Ourcq qui se trouve là-haut sur le talus.
En tout cas, le lieu est calme.
Je continue mon périple sur les routes des Boucles de la Marne...
...croisant plusieurs fois le canal.
A Précy/Marne, dont le maire se nomme, je crois, Yves Duteil, je me souviens de la chanteuse Barbara qui fut une habitante discrète de ce village.
Et je me prends à chanter sur les bords de la Marne... mal, mais je chante quand même. Et j'avale une bestiole et je me souviens d'une autre chanson, celle d'un cycliste : Didier Wampas, pas le même style que Duteil ou Barbara.
J’ai avalé une mouche
En roulant sur mon vélo
Elle est restée coincée
J’ai failli tomber dans l’eau
J’ai failli m’étouffer
Tu m’as tapé dans le dos
Je chantais cette chanson
Dont je n’comprends pas les mots
Oh oh oh oh
I love you so
Oh oh oh oh
I need you so
En roulant sur mon vélo
Elle est restée coincée
J’ai failli tomber dans l’eau
J’ai failli m’étouffer
Tu m’as tapé dans le dos
Je chantais cette chanson
Dont je n’comprends pas les mots
Oh oh oh oh
I love you so
Oh oh oh oh
I need you so
Bon d'accord, c'est autre chose que "Lucille et les libellules" de Duteil que j'ai chanté aussi :
Deux ou trois libellules en vol
Troublaient Lucille
Sur le chemin de son école
En pleine ville
Ces libellules en ville sont folles
Se dit Lucille
Qui les attrape avec un fil
Et puis s'envole...
Troublaient Lucille
Sur le chemin de son école
En pleine ville
Ces libellules en ville sont folles
Se dit Lucille
Qui les attrape avec un fil
Et puis s'envole...
Mais avant de penser aux Wampas, je chantais :
Du plus loin, que me revienne,
L'ombre de mes amours anciennes,
Du plus loin, du premier rendez-vous,
Du temps des premières peines,
Lors, j'avais quinze ans, à peine,
Cœur tout blanc, et griffes aux genoux,
Que ce furent, j'étais précoce,
De tendres amours de gosse,
Ou les morsures d'un amour fou,
Du plus loin qu'il m'en souvienne,
Si depuis, j'ai dit "je t'aime",
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
L'ombre de mes amours anciennes,
Du plus loin, du premier rendez-vous,
Du temps des premières peines,
Lors, j'avais quinze ans, à peine,
Cœur tout blanc, et griffes aux genoux,
Que ce furent, j'étais précoce,
De tendres amours de gosse,
Ou les morsures d'un amour fou,
Du plus loin qu'il m'en souvienne,
Si depuis, j'ai dit "je t'aime",
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
Barbara que nous vîmes sur scène voici bien longtemps... Elle chantait (mieux que moi...) et Depardieu TUAIT !
Lily Passion, c'était le titre du spectacle qui se produisait au Zénith de Paris en 1985-86.
Barbara terminait le spectacle par "Ma plus belle histoire d'amour..." bien entendu.
Et Depardieu, qui ne chantait pas, était égal à lui-même : Géant !
Mais il me faut continuer à rouler, en évitant les pavés quand même : on connaît ici mon aversion pour ce revêtement d'un autre âge (l'âge de pierre !).
Après être passé sous la Nationale 3, le décor change : me voici sur les champs de bataille de la Marne de septembre 1914 !
A Villeroy, j'entre dans le vif du sujet, je suis sur les lieux qui virent périr l'écrivain nationaliste Charles Péguy.
Il y a même dans cette commune un petit musée qui ouvre à la demande (Avec un nom pareil, le fondateur de ce musée aurait aussi bien pu s'intéresser au vélo...)
Me voici donc au Mémorial Charles Péguy, au croisement des routes de Villeroy, Chauconin et Iverny : une croix de pierre et une table d'orientation.
« Le 5 septembre 1914, à 5 heures de l’après-midi,
le 276ème R.I au départ de la route d’Iverny à Chauconin, s’élance à
travers champs en vue d’enlever les hauteurs de Penchard et Monthyon, tenues
par les Allemands. Dès le début de l’attaque, le Lieutenant Péguy, à la tête de
sa section, est tué d’une balle en plein front. »
Pas trop ma tasse de thé ce genre de littérature... Quelles sont les guerres justes ?
Tous ces hommes morts pour la France, pourquoi sont-ils vraiment morts ?
A quelques centaines de mètres de là, se trouve la tombe du lieutenant Péguy et de ses hommes.
Plus de 100 noms, de braves petits gars du peuple pour la plupart qui auraient sans doute préféré être chez eux en Bretagne sur leur bateau de pêche, en Limousin dans leur champ ou à Paris à l'usine durant ces tristes journées de septembre 1914...
Parmi ces noms 2 capitaines et 2 lieutenants... Péguy est mort sur ce champ de bataille à 41 ans. Les autres devaient être plus jeunes bien sûr.
Joffre, qui devint maréchal, mourut dans son lit, je pense, en 1931 à l'âge de 79 ans. Lui qui dans son ordre du jour du 6 septembre demandait à ceux qui n'étaient pas encore des Poilus :
" Au
moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de
rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les
efforts doivent être employés à attaquer et repousser l'ennemi. Toute troupe
qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se
faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles,
aucune défaillance ne peut être tolérée. "
C'est moi qui souligne...
Il y a en France beaucoup de rues Joffre, ou Foch, ou Clemenceau, il y a pourtant de quoi baptiser quelques rues rien qu'avec les noms de ce monument...
A Chauconin Neufmontier, on vient d'inaugurer voici quelques jours une randonnée historique pour rendre hommage à la Brigade marocaine qui combattit ici en septembre 1914.
97 ans après ! Jamais trop tard pour bien faire...
Et je ne me suis même pas arrêté à l'église de Chauconin où l'expo n'est pas annoncée, je n'ai rien vu en tout cas et j'avais lu le journal en diagonale, comme tout bon cyclotouriste qui se respecte.
A Penchard, je découvre, chose plus habituelle sur ce blog, un nouveau mât portant une plaque de cocher.
Elle annonce la gare de Penchard qui n'est plus en service depuis bien longtemps, me semble-t-il.
Je tourne autour de Meaux pour ne pas avoir à trop circuler en ville et découvre ainsi le monument des quatre routes qui honore la mémoire des soldats de l'armée de Paris.
Enfin j'y arrive à la cité meldoise (Melde, alors...) et je découvre le Monument américain de la victoire de la Marne de 1914. Ce monument fut financé par des dons de citoyens américains et fut érigé sur le lieu même où fut pour la première fois arrêtée l'offensive allemande.
Et désormais, à proximité de ce monument, s'élève le Musée de la Grande Guerre qui sera inauguré ce 11 novembre en présence, bien sûr, du Président de la République (En 1932, le Monument Américain fut inauguré en grandes pompes, et sans talonnettes, par le président de l'époque, Albert Lebrun : qui se souvient encore de ce monsieur. Le monument est toujours là. Souhaitons autant de longévité au Musée !)
Une fresque de Tardi doit accueillir le visiteur. Quand on connaît la passion de Jacques Tardi pour cette foutue guerre, j'ai hâte de voir ça !
Le point de départ de ce Museé est l'achat par le Pays de Meaux de la collection des 50 000 objets se rapportant à cette Première Guerre Mondiale au collectionneur Jean-Pierre Verney. Cette collection constitue le fonds de base du musée. Voici ce que Tardi disait à propos de Verney dans un texte de remerciement au début de l'ouvrage ci-dessus :
Et puis, il me fallut regagner la Brie par la rude bosse de Montceaux lès Meaux. C'est ici, en quittant la vallée de la Marne, que l'on comprend que la Brie est un plateau et non une plaine.
Encore une fois, c'est la nuit tombant que je regagnai mes foyers...
Article paru dans le Parisien du Lundi 7 novembre 2011 |
Et je ne me suis même pas arrêté à l'église de Chauconin où l'expo n'est pas annoncée, je n'ai rien vu en tout cas et j'avais lu le journal en diagonale, comme tout bon cyclotouriste qui se respecte.
A Penchard, je découvre, chose plus habituelle sur ce blog, un nouveau mât portant une plaque de cocher.
Elle annonce la gare de Penchard qui n'est plus en service depuis bien longtemps, me semble-t-il.
Je tourne autour de Meaux pour ne pas avoir à trop circuler en ville et découvre ainsi le monument des quatre routes qui honore la mémoire des soldats de l'armée de Paris.
Et désormais, à proximité de ce monument, s'élève le Musée de la Grande Guerre qui sera inauguré ce 11 novembre en présence, bien sûr, du Président de la République (En 1932, le Monument Américain fut inauguré en grandes pompes, et sans talonnettes, par le président de l'époque, Albert Lebrun : qui se souvient encore de ce monsieur. Le monument est toujours là. Souhaitons autant de longévité au Musée !)
Une fresque de Tardi doit accueillir le visiteur. Quand on connaît la passion de Jacques Tardi pour cette foutue guerre, j'ai hâte de voir ça !
Le point de départ de ce Museé est l'achat par le Pays de Meaux de la collection des 50 000 objets se rapportant à cette Première Guerre Mondiale au collectionneur Jean-Pierre Verney. Cette collection constitue le fonds de base du musée. Voici ce que Tardi disait à propos de Verney dans un texte de remerciement au début de l'ouvrage ci-dessus :
Remerciements
- C'est pour le soldat qu'on juge dans une
salle de classe... il a les mains liées ?
- Ah non! On ne l'a pas encore jugé. Il est au garde-à-vous,
encadré par deux soldats en armes... Tu peux le dessiner nu-tête ou avec un
calot, ou bien son casque sous le bras ou son casque en tête...
- Il est en capote ?
- ... Ou
en veste... avec le ceinturon mais sans les cartouchières.
- Dis donc, la veste, elle a des boutons
derrière ? Une martingale?
- Non, il n'y a rien ; sept boutons devant, boutonnés au
milieu et un col montant.
- Bon, le tribunal...
- Alors... tu peux avoir un colonel, un commandant, un capitaine,
deux lieutenants. Les lieutenants peuvent venir du front, tu les dessines en
capote, le casque posé devant eux; les autres,
en grande tenue avec leurs décorations. Le tout assis derrière une grande
table.
- Au moment où on le
fusille, le soldat est attaché à un poteau, les yeux bandés ?
- C'est pas obligatoire, seulement ceux qui
veulent. Quelquefois, on mettait une cible en carton blanc à l'emplacement
du cœur... il n'y a qu'une balle à blanc dans le peloton d'exécution.
- Douze soldats ?
- Ou huit, ça dépend. Tu peux avoir
l'officier qui s'adresse aux soldats et leur dit : "Ne tirez pas au-dessus
de sa tête, on sera obligés de recommencer !"
- Ah non, j'ai pas la place... Dommage, c'est
à exploiter, ça, je développerai plus tard...
Ça se passe au téléphone... je cause avec Jean-Pierre
Verney, il sait tout sur 14-18, le moindre détail. J'ai recours à ses services
quotidiennement. Chaque image de cet album a nécessité une ou plusieurs longues
conversations téléphoniques. Je ne compte pas les multiples documents et objets
qu'il met à ma disposition... Je le remercie pour sa compétence, sa gentillesse
et sa patience à m'aider. TARDI
Jean-Pierre Verney est le conseiller historique du musée, un gage de la qualité des expositions.
Un beau lieu de mémoire en perspective...
Demain, il devrait y avoir les représentants des 35 belligérants du conflit.
Pour une fois que j'ai l'impression que mes impôts servent à quelque chose...
Et j'applaudis même des deux mains quand je constate que le nom de la rue conduisant au musée est celui du dernier ancien combattant de 14-18, mort en 2008. Le vieil homme avait coutume de dire :
"Tous ces jeunes tués, je ne peux pas les oublier. Quel gâchis !"
Et cela me rappelle que Tardi illustra le Voyage au bout de la nuit (Qu'on m'autorise encore une digression) :
"En allant devant moi, je me souvenais de la cérémonie de la veille. Dans un pré qu'elle avait eu lieu cette cérémonie, au revers d'une colline : le colonel avec sa grosse voix avait harangué le régiment : "Haut les coeurs, qu'il avait dit... Haut les coeurs ! et vive la France !"
Quand on n'a pas d'imagination, mourir c'est peu de chose, quand on en a mourir, c'est trop. Voilà mon avis. Jamais je n'avais compris tant de choses à la fois.
le colonel n'avait jamais eu d'imagination lui. Tout son malheur à cet homme était venu de là, le nôtre surtout. Etais-je donc le seul à avoir l'imagination de la mort dans ce régiment ? je préférais la mienne de mort, tardive... Dans vingt ans... Trente ans... Peut-être davantage, à celle qu'on me voulait de suite, à bouffer de la boue dans les Flandres, à pleine bouche, plus que la bouche même, fendue jusqu'aux oreilles par un éclat...
..."
Céline était un ancien combattant de la Grande Guerre, contrairement à Péguy, il y survécut.
Et puis, il me fallut regagner la Brie par la rude bosse de Montceaux lès Meaux. C'est ici, en quittant la vallée de la Marne, que l'on comprend que la Brie est un plateau et non une plaine.
Encore une fois, c'est la nuit tombant que je regagnai mes foyers...
Quel régal! Je reviens à l'instant du défilé du 11 Novembre ( j'y suis allé à pied, pas à vélo! ), et il y avait, en plus du bataillon de Saint Cyr, des soldats en bleu horizon et Lebels avec leurs Rosalies. Ma génération (les babyboomers) a cotoyé ceux de Verdun et des Flandres. Pour ma part, je préfère l'évocation des combats de Giono à celle de Céline. De toute façon, tes randonnées culturelles témoignent de la qualité de ton oeil autant que celle de tes mollets. Tu ne pédales pas idiot comme beaucoup et tes lecteurs en profitent. Continue comme ça ami Jean-Pierre!
RépondreSupprimerDonc, contrairement à d'autres sports, le cyclo-tourisme provoque de manière permanente (au moins chez certains sujets), de l'intérêt pour ce qui l'entoure et pour les autres. Ce n'est donc pas l'égocentrisme qui semble les caractériser, mais plutôt l' "ex-centrisme": ils se centrent sur l'extérieur...
RépondreSupprimerJ'approuve : je suis un cycliste "EXCENTRIQUE"...
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