Pour cette dernière sortie du mois d'août 2012, je suis allé faire une petite balade au pays du Peintre Etienne Bellan. Ce n'est pas la première fois que j'évoque ici le bonhomme !
(Voir l'autre message au libellé "Etienne Bellan")
J'ai enfin pris le temps de me plonger dans les documents que m'a gentiment prêtés l'ancien élève de l'instituteur de Vendières et je suis parti cet après-midi sur les traces du maître...
J'ai repéré quelques tableaux dans ce catalogue de l'exposition qui lui rendait hommage peu de temps après sa mort en 2000 et j'ai enfourché mon vélo.
Direction : le Petit Morin.
Bellan posa souvent son chevalet dans cette jolie vallée où pour ma part, j'adore poser mes roues !
J'ai essayé de retrouver l'ambiance paisible du décor avant de grimper une belle bosse !
Passé le hameau de Boulan, j'entre à Vendières par une petite descente.
Le village est bien calme aujourd'hui et je ne suis pas certain que M. Bellan aurait trouvé...
...quelqu'un à qui parler (Lui qui aimait tant cela !) s'il avait choisi de peindre dans le village où il enseigna si longtemps !
C'était dans la mairie-école du "bourg" de Vendières.
Il était également le secrétaire de mairie ce qui était fréquemment le cas à l'époque dans les petites communes.
Le rû de Choisel (ou du Val) qui traverse la commune a encore de l'eau...
...quand le rû Batard , ici au hameau de Rognon (J'ai vérifié les noms sur la carte IGN.)... est à sec. Les citrouilles attendront pour la soupe.
La promenade est bucolique malgré le vent.
Certaines maisons ont un petit air d'autrefois :
On sentirait presque l'odeur des confitures qui cuisent sur le feu et des haricots verts que l'on équeute...
Dans la vallée où je suis revenu, je me dirige vers cette ferme qui illustre un opuscule rédigé par Etienne Bellan en 1962 :
Car le peintre était aussi écrivain, et pas seulement de manuels scolaires...
Ces deux livres de souvenirs, parus dans les années 80, sont des petits moments de joie et de bonne humeur !
Voici cette ferme telle qu'on peut la voir aujourd'hui. Il y a quelques années, elle était quelque peu délabrée . Sa rénovation est une vraie réussite.
C'était un lieu où Etienne Bellan aimait peindre visiblement.
Même en hiver ?
Merci à Gérard Mary qui, grâce aux documents qu'il m'a confiés, m'a inspiré cette petite promenade (d'un autre temps ?). Il y en aura d'autres...
Mais ce n'est pas fini : Encore une petite histoire de... cycliste !
J'ai repéré quelques tableaux dans ce catalogue de l'exposition qui lui rendait hommage peu de temps après sa mort en 2000 et j'ai enfourché mon vélo.
Direction : le Petit Morin.
Bellan posa souvent son chevalet dans cette jolie vallée où pour ma part, j'adore poser mes roues !
J'ai essayé de retrouver l'ambiance paisible du décor avant de grimper une belle bosse !
Passé le hameau de Boulan, j'entre à Vendières par une petite descente.
Le village est bien calme aujourd'hui et je ne suis pas certain que M. Bellan aurait trouvé...
...quelqu'un à qui parler (Lui qui aimait tant cela !) s'il avait choisi de peindre dans le village où il enseigna si longtemps !
C'était dans la mairie-école du "bourg" de Vendières.
Il était également le secrétaire de mairie ce qui était fréquemment le cas à l'époque dans les petites communes.
Le rû de Choisel (ou du Val) qui traverse la commune a encore de l'eau...
...quand le rû Batard , ici au hameau de Rognon (J'ai vérifié les noms sur la carte IGN.)... est à sec. Les citrouilles attendront pour la soupe.
La promenade est bucolique malgré le vent.
Certaines maisons ont un petit air d'autrefois :
On sentirait presque l'odeur des confitures qui cuisent sur le feu et des haricots verts que l'on équeute...
Dans la vallée où je suis revenu, je me dirige vers cette ferme qui illustre un opuscule rédigé par Etienne Bellan en 1962 :
Car le peintre était aussi écrivain, et pas seulement de manuels scolaires...
Ces deux livres de souvenirs, parus dans les années 80, sont des petits moments de joie et de bonne humeur !
Voici cette ferme telle qu'on peut la voir aujourd'hui. Il y a quelques années, elle était quelque peu délabrée . Sa rénovation est une vraie réussite.
C'était un lieu où Etienne Bellan aimait peindre visiblement.
Même en hiver ?
Mais ce n'est pas fini : Encore une petite histoire de... cycliste !
L'EXODE
C'est en 40 que
j'ai pris mes premières vraies vacances !
Mes parents habitaient REIMS à cette époque là et moi j'étais toujours à l'E.N. de LAON. Après les vacances de Pentecôte,
j'avais regagné
l'école à vélo mais la ville de Laon était
en pleine effervescence avec des soldats partout et des réfugiés belges qui se sauvaient en voiture, en charrette ou en brouette. L'E.N.
fermée, demi-tour pour retrouver mes
parents, mais les gendarmes m'ont conseillé d'éviter Reims pour fuir
vers le sud. Je n'ai pu y rentrer que trois jours après : la ville était
vide. Pas un soldât, pas un civil. J'ai traversé tout Reims sans rencontrer ni voiture, ni vélo, ni habitant. Quelques chiens et c'est tout, qui
cherchaient de la nourriture dans les
poubelles. Rien n'est plus triste qu'une ville morte.
Heureusement, nous avions des amis boulangers à six kilomètres de là. Quand j'arrivai, ils chargeaient la voiture car ils
partaient avec des voisins du côté de LYON.
«D'accord pour t'emmener,
mais sans ton vélo !». Pas question, c'était ma seule richesse...
«Je vais vous suivre.
— De toute façon,
chargés comme on est, on n'ira pas vite - Et puis, tu pourras t'accrocher à la voiture quand tu seras fatigué. On va fermer la boutique, tu
prends tout ce que tu veux...». Il ne restait plus
grand'chose, quelques pains rassis et des bocaux de bonbons. Je choisis un
grand bocal et y fourre tous les bonbons qui restent, peut-être cinq kilos et je l'attache sur le porte-bagages de ma
bicyclette avec une ficelle - Par précaution, je note l'adresse où je pourrai
les retrouver si, par hasard, je n'arrivais pas à suivre. Les deux voitures démarrent péniblement, moi je suis
allègrement.
En route pour l'aventure ! Je me mets à siffler!
De temps en temps, une tête par la portière me demande si ça va
-
Oh ! oui .
Quand
je sens la fatigue, je croque un des bonbons que j'ai mis en vrac dans ma
poche. J'oublie que c'est la guerre, que mes parents sont loin, que je n'ai
pas un sou en poche. Je sais seulement que mes jambes de dix-huit ans tournent
rond et que ce soir il fera bon manger.
Et la nuit arrive, on a déjà fait cent kilomètres. Plus que trois
ou quatre cents et on est arrivé.
On casse la croûte
dans un bois au bord de la route et on dort dans un fossé : c'est la belle vie.
Quand je m'éveille le lendemain
vers cinq heures, les amis sont déjà prêts à partir. Ils ont mal partout parce qu'ils
n'ont pas dormi. Moi, je suis en pleine forme : la jeunesse, c'est ça!
«Tu suis ?
— Je suis».
Et on repart pour la deuxième étape.
Les autos démarrent lentement.
J'ai envie de chanter. Mais la première voiture accélère, l'autre aussi. J'appuie sur les pédales, j'ai cent mètres de retard. Je
m'accroche désespérément de tout le reste
de mes forces... et les voitures disparaissent au bout de la route - Maintenant,
je me sens tout seul, tout petit - Je m'arrête pour reprendre souffle et faire le point.
Je sais que je vais au-delà
de Lyon, que je n'ai ni chemise, ni mouchoir de rechange et pas un kopeck en
poche. Heureusement, le bocal de bonbons est là ; si j'en croque un kilo par jour, je
tiendrai bien le coup jusqu'à l'arrivée. Alors, en avant !
Mais au beau milieu d'un village,
j'entends un bruit de verre cassé, la ficelle n'a pas résisté aux secousses des pavés - Voilà ma fortune sucrée et multicolore éparpillée sur la route ; adieu
veaux, vaches, cochons, couvée...
Je ramasse une poignée
de bonbons que je fourre dans une poche vide. Quelques paysans s'arrêtent, qui me toisent
d'un air soupçonneux.
On parle beaucoup de bonbons empoisonnés dans les journaux :
les espions de la cinquième
colonne en distribuent aux enfants...
C'est maintenant un attroupement autour
de moi ; quelqu'un parle de prévenir
les gendarmes. Pas de temps à
perdre, j'enfourche mon vélo
et je détale
à
toutes pédales.
(Extrait de "Mon jour de fête" par E. Bellan, illustration de Flip)