Traditionnellement, pendant des lustres, la première grande Classique de la saison cycliste se déroula le 19 mars (avec néanmoins quelques exceptions à la règle). Puis elle fut au calendrier le samedi suivant l'arrivée de Paris-Nice, c'est à dire entre le 15 et le 25 mars.
Samedi 17 mars 2012, la Primavera a été courue de l'autre côté des Alpes, un Australien, Gerrans, a remporté cette édition au sprint, dans l'indifférence quasi-générale des médias français : le cyclisme n'est plus ce qu'il était...
Alors je me suis replongé dans mes archives pour retrouver les vainqueurs des joutes d'antan.
J'ai commencé par sortir la "boîte" des "Archives photographiques du cyclisme" que les éditions Miroir Sprint publièrent au début des années 1980 et plus particulièrement le coffret consacré aux Classiques (Il y en eut également un pour les grimpeurs et deux pour les vainqueurs du Tour de France) . Une quarantaine de photos, superbes, agrémentent l'ouvrage dont quatre illustrent Milan San Remo et le livret d'accompagnement est écrit par Eddy Merckx lui-même, 7 fois vainqueur de la classique italienne !
Entrons dans la machine à remonter le temps pour égrener les souvenirs au gré des Miroir Sprint et des Miroir du cyclisme jusqu'à la fin des années Merckx...
Je donne tout d'abord la parole au Patron !
J'ai commencé par sortir la "boîte" des "Archives photographiques du cyclisme" que les éditions Miroir Sprint publièrent au début des années 1980 et plus particulièrement le coffret consacré aux Classiques (Il y en eut également un pour les grimpeurs et deux pour les vainqueurs du Tour de France) . Une quarantaine de photos, superbes, agrémentent l'ouvrage dont quatre illustrent Milan San Remo et le livret d'accompagnement est écrit par Eddy Merckx lui-même, 7 fois vainqueur de la classique italienne !
Eddy Merckx vainqueur pour la cinquième fois en 1972 ; Photo Archives photographiques du cyclisme |
Je donne tout d'abord la parole au Patron !
Milan-San
Remo : le Poggio libérateur
Pour plusieurs raisons, Milan-San Remo
est une course très particulière. A la mi-mars, peu de coureurs sont prêts à
couvrir trois cents kilomètres. La « Primavera » est, en effet, la classique la
plus longue de la saison, et elle arrive alors que la plupart des coureurs se
trouvent encore en période de rodage. De deux choses l'une : ou bien la course
se traîne gentiment jusqu'aux abords de l'arrivée, ou bien elle se déroule sur
un rythme élevé avec des accélérations brutales. Dans le premier cas, n'importe
qui peut l'emporter ; dans le deuxième, elle ne peut revenir qu'à un coureur
déjà en pleine possession de ses moyens. La distance constitue la seule
véritable difficulté de l'épreuve. Le Poggio fait le reste. Depuis son installation
en fin de parcours, je crois qu'il
n'y a jamais eu de sprint massif sur la Via Roma. En soi, ce Poggio n'est pas
un obstacle très redoutable. Avec mes équipiers je l'ai franchi des dizaines de
fois à l'entraînement... avec le sourire. Son intérêt vient précisément du fait qu'il figure après
deux cent quatre-vingts kilomètres. Au pied du Poggio presque tout le monde
manque de fraîcheur. Il appartient dès lors aux hommes forts, à ceux qui ont conservé des
réserves intactes de durcir la course au maximum durant la trop courte ascension. Par expérience je dirais
cependant qu'il est exclu de pouvoir faire la différence dans la montée. C'est
après le sommet que tout se joue. Il importe de négocier les virages avec
virtuosité pour s'engager dans la traversée de San-Remo dans les meilleures
conditions. Au bas de la côte il faut encore parcourir deux kilomètres. Tout
reste possible dans les rues de San-Remo. Ma victoire de 1975 est tout à fait
significative à cet égard : ce n'est qu'à mille mètres de la ligne que j'ai
rejoint les premiers. Et pour couronner ce final tortueux, il y a la longue ligne droite de
quatre cents mètres, beaucoup plus dure qu'on l'imagine, car la Via Roma est en
légère montée.
Il
faut être terriblement
costaud pour tirer le 52 X 13. Je dirais volontiers que pour un coureur au sommet de sa condition, en pleine possession de ses moyens,
Milan-San-Remo est la classique la plus facile, compte tenu
d'une opposition encore balbutiante en début de saison. Pour la préparer rien ne vaut Paris-Nice. Chaque fois que j'ai gagné à San-Remo je sortais de Paris-Nice. Sans doute y-a-t-il le risque de refroidissement car Paris-Nice se déroule souvent sous un climat déplorable mais la compétition y est beaucoup plus sévève qu'à Tirreno-Adriatico. On y vit six journées de vraie course, ce n'est pas le cas aux « Deux Mers ».
Que le vélo semble facile quand il est expliqué par un tel champion...
Costante GIRARDENGO, remporte à 35 ans son sixième Milan San Remo. Sur cette photo, le premier campionissimo est encadré de deux autres champions italiens, Guerra (à droite) et Binda.
Louison Bobet file vers San Remo pour remporter sa première grande Classique, suivi par son équipier et ami Pierre Barbotin.
1928
Photo Archives photographiques du cyclisme |
1951
Photo Archives photographiques du cyclisme |
1959
Photo Miroir Sprint |
Les attaquants sont Français ou Italiens...
Photo Miroir Sprint |
Le vainqueur est le sprinteur espagnol Poblet...
1960
Photo MdC |
Le Français René Privat accroche à son palmarès son plus beau fleuron.
1961
Photo MdC |
C'est la révélation du jeune Poulidor...
1962 : il y a 50 ans !
Photo Miroir Sprint |
Tout le monde attend le champion du monde Rik Van Looy qui passe une bonne partie de la journée à musarder en queue de peloton.
Photo Miroir sprint |
Peloton qui attend le final pour en découdre.
Photo Miroir sprint |
A ce petit jeu, le jeune Belge Emile Daems est le plus fort. Il rejoint tout d'abord Bailetti, parti en éclaireur.
Photo Miroir sprint |
Il lâche facilement l'Italien...
Photo Miroir Sprint |
...pour remporter, voici 50 ans jour pour jour, une bien belle victoire.
1963
Photo MdC |
La photo finish départage Joseph Groussard (vainqueur d'un boyau...) et l'Allemand Wolfshohl. Les Français savaient gagner en ce temps-là !
1964
Photo A.P.C |
Tom Simpson, l'élégant British inscrit la Primavera à son palmarès.
1965
Photo MdC |
Le Hollandais Den Hartog, équipier d'Anquetil, bat les Italiens qui n'ont pas gagné à San Remo depuis 1953 !
1966
Photo MdC |
La première victoire du Cannibale ! En 1966, il portait le beau maillot Peugeot. Sur cette photo, il est à l'attaque avec Poulidor (qui terminera 7ème).
1967
Photo MdC |
Bis repetita !
Trois Italiens, Motta, Bitossi (celui qui rajoute "rage"... a un gage !) et Gimondi le suive.
"Tous derrière et lui devant..."
... L'Italie s'impatiente !
1968
Photo MdC |
Rudy Altig venge son compatriote Wolfshohl. Poulidor est encore dans le coup !
1969
Photo MdC |
Et de trois pour le roi Eddy : 1969, année érotique... mais surtout MERCKXIENNE !
1970
Photo MdC |
ENFIN :17 ans que l'Italie attendait cela ! Michele Dancelli succède à Loretto Petrucci, vainqueur sur la Via Roma en 1952 et 1953.
1971
Photo MDC |
Cela devient une habitude, la quatrième victoire de Merckx. Il porte maintenant le maillot de la Molteni, entreprise qui fabriquait, je crois de la charcuterie.
1972
Je ne republie pas la photo de la cinquième victoire de Monsieur Eddy Merckx et je ne résiste pas à montrer ce dessin paru dans le Livre d'or 1972 du Miroir du cyclisme .
1973
Photo MdC |
Le grand rival de Merckx sur les classiques inscrit son nom au palmarès de Milan San Remo, il récidivera !
Voici ce qu'écrivait Merckx à son propos dans le texte cité ci-dessus:
"Nul ne niera que De Vlaeminck possédait une classe extraordinaire. Il a
gagné quatre fois Paris-Roubaix mais aussi Milan-San Remo et le Tour de
Lombardie, le Tour des Flandres et Liége-Bastogne-Liège. C'est l'adversaire le
plus talentueux que j'ai rencontré dans les classiques. Pourquoi n'a-t-il
jamais réussi à briller dans un Tour de France alors qu'il s'y est présenté
plusieurs fois au mieux de sa forme ?"
1974
Photo MdC |
Un Italien revêtu du maillot arc-en-ciel vainqueur sur la Via Roma, les tifosi sont au pâmoison !
1975
Photo MdC |
Merckx devant Moser pour une sixième victoire.
1976
Photo MdC |
La dernière grande victoire du cannibale :
Chapeau, Monsieur !
(A suivre...)
Merci pour votre passionnant reportage sur Milano-Sanremo :-)
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